... d'Auetos

Anauselia a écrit:

Pourquoi "pernicieux"?

Une raison du nom de ce Marais est dans le Táin Bó Regamna (dans sa version d'Egerton, qui serait la plus pure selon les dires des vieux-gaélisants) et c'est la Morrígan, ironisant sur le mot de Cú Chulainn à son égard (et préparant la charge qui suit) qui renomme ainsi l'endroit:

L'histoire prend place quand Cú Chulainn est en route pour le Nord-ouest en compagnie de Lóeg vers cette ceinture boisée et marécageuse parsemée de milliers de lacs qui isole le sud de l'Ulster du reste de l'île, pour retrouver l'origine du mugissement affreux (comme un gigantesque hurlement de bétail) entendu alors qu'il se trouvait dans les plaines de Lughbhaidh (Louth), tout près de sa terre d'origine.
Au niveau de Grellach Culgairi, « la tourbière (ou marais) aux grondements de char » ils entendent... le grondement d'un attelage devant eux !
Il est rouge, emmené par un cheval unijambiste et rouge, qui est aussi bien une bête qu'un char (puisque son axe de roues traverse l'animal).
C'est la Morrígan, mais il ne le sait pas encore... une femme rouge avec deux sourcils rouges le conduit, vêtue de son long manteau rouge qui traîne à l'arrière du char et balaye le sol.
Devant le char avance un homme grand vêtu d'une tunique qui fait comme une couverture sur lui et tenant une fourche de noisetier blanc, qui pousse une vache devant lui.

" La vache n'est pas heureuse de sa conduite. dit Cú Chulainn.
- Le jugement de cette vache n'est pas pour toi, dit la femme. Ce n'est pas la vache d'un ami, ni d'un de tes compagnons.
- Il m'est possible de juger les vaches de tous les hommes d'Ulster, répondit Cú Chulainn.
- Tu juges une grande quantité, ô Cú, dit la femme.
- Pourquoi est-ce que c'est elle, la femme, qui me parle? dit Cú Chulainn. Pourquoi n'est-ce pas lui, l'homme, qui me parle?" 

Sans un mot de plus, il prend congé de ce fol attelage et remonte son char pour repartir ! C'est alors qu'il voit que la femme s'est changée en une corneille noire perchée tout près de lui:

" Une femme pernicieuse (Doltach), c'est ce que tu est, lui dit Cú Chulainn.
- C'est Dolludh (qui veut dire aussi détresse, ravage) alors, que sera nommée désormais cette tourbière, jusqu'à la fin des temps.
...Depuis ce jour, Grellach Dolluidh est son nom. "

Leuque a écrit:

Je n'étais pas vraiment inquiet   , je me demandais ce qu'on peut ressentir d'avoir chez soi le crâne de quelqu'un dont on connaissait l'histoire, et en même temps d'où il était possible d'avoir des restes autres que ceux de sa famille.

C'est interdit par la loi me semble t'il.

Merci Ballios pour ta réponse très intéressante. Il mr semble avoir déjà lu cette histoire qq part. J'avoue que j'ai beaucoup de mal avec les noms gaulois et irlandais. Il faudrait vraiment que je trouve un livre qui regroupe tous ces textes.

Un très grand merci à vous Ballios... Marouesos   

Clyde TriCanauos a écrit:

Leuque a écrit:

Je n'étais pas vraiment inquiet   , je me demandais ce qu'on peut ressentir d'avoir chez soi le crâne de quelqu'un dont on connaissait l'histoire, et en même temps d'où il était possible d'avoir des restes autres que ceux de sa famille.

C'est interdit par la loi me semble t'il.

Je crois en effet, sauf pour les anthropologues dans le cadre d'études ou par exemple dans le cas des "reliques" (il y en a souvent dans les églises, je pensais plutôt à quelque chose dans ce genre, une relique d'une personne importante).

Merci Auetos et Ballios pour toutes ces informations.   
Je continue à lire tout ceci avec un grand intérêt.

Citation :

Citation :

Si les Uomorioi sont les forces brut de la nature indomptée, ils font partie du tout, en tout cas de ce monde je veux dire ?!
Tu y vois une guerre entre les forces "l'ordre et du chaos" ?
Pour toi, les rois de ces forces respectives seraient des entités à part entière ?

Oui, très exactement…

Ces deux forces me paraissent nécessaires pour l'équilibre des mondes?
Sans l'ordre tout ne serait que chaos et destruction, sans le chaos tout serait figé et donc réellement mort ?
Qu'en pensez vous?

Je pense que vos questions sont de justes affirmations… ces deux forces contraires ne peuvent vivre l’une sans l’autre, comme le jour et la nuit. Sans ce perpétuel combat entre eux, il n’y a pas de mouvement, pas d’animation, pas de vie.

D’ailleurs, dans les textes mythologiques, les Dieux ne détruisent pas les Uomorioi mais les repoussent au-delà de la neuvième vague. Et ces-derniers, comme le ressac des marées, reviennent constamment revendiquer le trône.

Il faut donc un rythme harmonieux, une respiration permanente. Pensez vous que en ces derniers siècles le rythme est de moins en moins harmonieux, que l'équilibre est en train de se briser ?
Que se passerait il alors?

Qu'est ce que la neuvième vague?

Personnellement je pense que depuis plus de 2000 ans le rythme harmonieux de l’inspir et de l’expir fut mit en déséquilibre par une religion nouvelle qui crie haut et fort que tout doit être blanc, lumineux et solaire. Nous païens voulons simplement un juste équilibre entre ces deux forces. Ni trop de lumière ni trop d’obscurité.

Si cet équilibre – déjà précaire – venait à se briser alors ce serait la catastrophe. Et rien ni personne ne pourrait réussir à inverser la vapeur. J’espère, malgré ce que nous voyons tous les jours, que l’équilibre pourra être très vite rétabli.

Citation :

Qu'est ce que la neuvième vague?

La neuvième vague est une métaphore poétique pour dire au-delà de l’au-delà.

Merci Auetos pour toutes ces précisions !   

  passionnante discussion!

Hier soir, avec la célébration de la Genimalacta se sont terminées les litoues du miđ riuros…

Sachant que la prochaine grande célébration est Ambiuolcato patronnée par la Déesse Brigantia, je me suis mis en tête de fabriquer une petuaria Brigantias… comme je l’avais promis à Clyde l’année dernière.

Auetos, le Ven 25 Jan 2013 - 15:51, a écrit:

Mais promis l’année prochaine, si je trouve des joncs, je déposerais la Petuaria Brigantias en lieu et place du Tribannos.

Ainsi donc, ce matin, après ma salutation au Soleil, je suis parti en quête de brins pouvant faire l’affaire. N’ayant pas trouvé de joncs, je me suis rabattu sur du genet car les fines branches de cet arbuste me semblaient assez souples pour être travaillés.

Après la coupe, le nettoyage, le pliage, le nœud central et la confection proprement dite. Je suis assez content de vous montrer le résultat…


Ainsi donc, cette année, comme promis, c'est bien une petuaria Brigantias qui sera déposée dans la rivière  

En effet, joli travail, d'autant que ça doit être moins facile qu'avec des joncs.

Merci Leuque pour vos encouragements…

Et bien je ne pourrais vous dire car je n’ai jamais tressé de petuaria avant celle-ci. Ceci dit je trouve que les tiges de genet sont assez souples pour être tordues et assez rigides pour ne pas flancher. De plus, contrairement aux joncs, ils y en a plein tout autour de chez moi. Ainsi donc, je ne serais jamais à court de tiges pour la fabrication de mes futures petuariai.

A un moment, je tressais des paniers et autres bricoles avec des joncs (il y en a pas loin de chez moi, à côté des cours d'eau et mares), mais je n'avais pas pensé qu'on pouvait utiliser du genêt (il y en a aussi plein). C'est bon à savoir   

Aujourd’hui, comme à mon habitude, réveil 05h00, puis après avoir pris un rapide petit déjeuner et être passé par la salle d’eau, je suis allé honorer mon Deuos Teugios et mes ancêtres avant de fermer mon sac, mettre mes bottes et prendre mon bâton.


A 07h30 avec les premières lueurs du jour, je me suis mis en route direction la source de la Renninas, située à 20 minutes de marche de la maison.

Quelle agréable promenade.

Une fois sur place, j’ai procédé à la mise en place des différents bols, ustensiles et offrandes puis, après m'être habillé, j’ai célébré l’Ambiuolcato.




Environ quarante-cinq minutes plus tard, l’endroit retrouvait son calme. Seule trace de mon passage ; un ruban vert accroché à une branche et la petuaria Brigantias déposée dans l’eau de la Rennina.

Une cérémonie qui me semble avoir été de toute "beauté" (sur le plan spirituel). Et votre texte est magnifique...

D'ailleurs, votre partage me fait songer que j'aimerais m'intéresser au calendrier de Coligny prochainement; il me semble que vous aviez partagé à ce propos ici mais je ne parviens pas à remettre la main dessus. Et pourriez-vous éventuellement me conseiller des sources sérieuses qui en parlent?

Merci   

Vous trouverez le sujet de discussion ici : https://druuidiacto.1fr1.net/t5-le-calendrier-des-druides

A mes yeux la plus sérieuse des études traitant sur le calendrier de Coligny est le « Recueil des Inscriptions Gauloises, Vol. III, Les calendriers (Coligny, Villards d’héria), aux éditions du C.N.R.S., par MM. P.-M. Duval et G. Pinault

Il y a aussi un camarade de l’université de Lyon II, qui, suite à une longue discussion et plusieurs échanges téléphoniques, a écrit à ce sujet ici : http://www.david-romeuf.fr/Archeologie/CalendrierGaulois/SyntheseRestitutionsCalendrierGaulois.html . Le seul petit reproche que l’on puisse lui faire est que voulant rester « scientifique » il n’a pas osé remettre en cause certaines paroles édifiées en dogmes… notamment concernant la place des fêtes ou encore la traduction des jours ordinaires (D > diies), bons (MD > matos diies) ou incertains ( D AMB > diies ambistabios).

Merci beaucoup pour toutes ces précieuses informations, Auetos; je me pencherai dessus très prochainement   

Comme vous le savez peut être, depuis quelques jours je m'essaye à la  l'écriture d'éloges  comme auraient peut être pu le faire les gaulois. Pour être honnête, je m'inspire de Savignac qui a un sens du lyrisme assez extraordinaire et qui écrit comme eux parlaient.
J'ai fait celles de guerriers, voici  mon premier portrait de Druide.

De Toutarixs,
Ce sec vertragos Aulerque est né dans « l’eau de vie », la pluie et  l’herbe grasse, torqué de cuivre et casqué de fer, né en sa « seignerie Noviodunum aux belles murailles », Ambactos ou vil mercenaire chez les  Ligures. Mais sans nulle persécution et sans nul outrage, il a servi le temps de sa jeunesse la « coalition des Gaules ».
« Ce chien de guerre-ci, parle à Teutatès et Teutatès l’écoute. »

D’ Auetos, Ce sec  âne  Ligurien a vécu sous « la Posca », la sécheresse et l’herbe rase,
Il a reçu son nom par ses pairs, les « très sages » Odaccos, Magni-Stirona et Sunnognatos,
torqué de bronze et vétu de blanc.
Cet âne-ci, s’est montré têtu et persévérant.
Mapiniacos, Auenatus…
Jamais celui-ci ne remet à demain sa peine, toujours, celui-ci est vaillant contre la pluie et contre le vent.
« Cet âne ci, parle aux Dieux et les Dieux l’écoutent. »

D’ Auetos, Ce sec non-âne Celte là, qui vit toujours sous la « posca », la sécheresse et l’herbe rase,
Est toujours vétu de blanc et est désormais torqué d’or.
Cet Homme là, n’est plus un âne.
Antrauos, Gutuater...
Toujours et à jamais celui-là ne remet  à demain sa peine, toujours et à jamais, celui-là reste vaillant contre la pluie et contre le vent.
« Cet Auetos  là, parle aux Dieux, les Dieux l’écoutent et les Dieux lui répondent. »

Et bien…   

Grand merci compagnon
Vos vers sans faux-bonds
Que je trouve, au demeurant michetons
Même si vous me traitez d’ânon

Sont, pour moi, de bon ton
Je ne vais pas faire le bougon
Mais vous remercier sans contrefaçon
Même si je ne suis d’un grison.

  

L'âne est au cheval, ce que le chien est au loup. Les deux ont les qualités de leurs cousins qu'il mêlent avec les plus belles qualités des humains.
Et dans le cas présent, le grison n'en est plus un. Il est devenu homme et plus encore, il échange avec les Dieux.

les ânes, je le dis pour en avoir cotoyé depuis tout petit ont des tempéraments magnifiques! tout à la fois humbles et fiers, durs au mal et doux de caractères, entiers et sobres...rebelles ou serviables, vicieux ou taquins, violents ou placides, ce sont toujours des beaux joueurs et des grands rêveurs... des incorrigibles sentimentaux sous leurs traits bourrus, et certains meurent parfois de chagrin ou de solitude. en esprit, ils sont bien supérieurs aux chevaux et en amitié aussi! en caractère, ils allient tous ces contraires mais ne réservent le meilleur (du bon et du moins bon) qu'à ceux qu'ils aiment et gardent le pire pour tous les autres.