Les sources n'ont pas fini de faire parler d'elles...

Tu pourrais aussi les faire de face en te référant aux gravures du chaudron de Gundestrup, non ?

Soneti tua cradubio moios Brater Matolitus,

Très beau travail moios Brater, cela donne envie...Je vais m'y atteler dans peu de temps, car ce que je vois me plait.....

Excellente idée Moios Brater Auetos que les images sur le Chaudron !
Je m'en vais prospecter sur le Net et trouver des images de bonne qualité pour être photocopiée et dessinée...
Merci à toi

Profitant des jours plus courts et d’une météo peu clémente, Matolitus s’est penché sur son pèlerinage aux sources lorsque la saison claire sera là. Si l’itinéraire est à peu près établi dans sa tête, la liste des sources à vénérer sur le parcours est loin d’être établie.
En effet quels critères à appliquer pour déterminer si une source est à honorer ou non ?
Sont-ils du style source d’eau potable, source d’eau minérale, antériorité du site, lieu naturel, site avec ancien sanctuaire, divinité reconnue sur le site, source sacrée, pratiques populaires conservées de nos jours, vision romantique de la nature et de ses merveilles, etc. ?

- Sur le critère de sources d’eau potable. Les eaux dites de source sont des eaux naturelles d’origine souterraine, d’une pureté à la source et propres à la consommation humaine. Les seuls traitements qu’il leur est permis d’appliquer sont l’aération, la décantation et la filtration. Je veux croire que ce critère est à retenir. Ces eaux de source sont souvent consommées au niveau régional. Il existe environ une 100e de telles sources commercialisées en France.
A noter que sur EauPotable-Info, sont recensées 70 sources d’eau potable (entre la France, la Belgique et la Suisse) où l’accès est libre et gratuit, dont la source du Groseau.

Bassin de la source du Groseau

- Sur le critère de sources d’eau minérale. Les eaux minérales sont des eaux naturelles d’origine également souterraine, d’une pureté originelle à la source et ayant des propriétés particulières : elles ont des teneurs en minéraux et oligo-éléments susceptibles de leur conférer des vertus thérapeutiques et leur composition est stable dans le temps. Elles sont reconnues comme étant bénéfiques par l’Académie Nationale de Médecine et par le Ministère de la Santé. Il existe un millier d’eaux minérales en France dont 70 marques commercialisées. Ce critère est à retenir de même.

(A suivre)

Tu as raison Matolitus, toutes les eaux ne se valent pas! Ainsi, pour les Hindous il y a des eaux sacrées et d'autres qui le sont moins... et certaines sont carrément impures, comme la Karmanasa «destructrice des bonnes-œuvres», qui rejoint le Gange près de Bénarès et qui est si dangereuse que le moindre contact avec ses eaux enlève tous les mérites accumulés au cours de ses différentes vies.

- Sur le critère Site antique ? Pour répondre à ce critère, les textes littéraires  nous donnent des descriptions de sanctuaires de sources. Comme les écrits sur les sanctuaires de sources dans les Gaules sont très rares, peut-être nous faut-il se reporter sur ceux décrivant l’aménagement de sources dans le monde romain ?
En tous cas voici celle décrite par Pline le Jeune faisant sa visite aux sources du Clitumne (Bevagna actuelle, en Ombrie – Umbria en italien, Italie du centre ayant comme capitale Pérouse – Perugia). Cette lettre décrit avec une relative précision l’aménagement du site et les pratiques cultuelles qui y étaient déroulées.

1) Il est extra-urbain et appartient à la colonie d’Hispellum (aujourd’hui Spello)

2) Un lieu de culte a existé, même s’il n’a pas été retrouvé par les archéologues

3) Dans le sanctuaire, la divinité réside avant tout dans un élément naturel, la source jaillissante, tout en disposant d’un temple construit au bord du bassin, de la même manière que dans un bois sacré, existe un temple

4) L’aménagement est bien agencé : le centre du sanctuaire est constitué par une source située au pied d’une colline à pente douce avec des arbres  « Une médiocre hauteur se dresse boisée et ombragée par d’antiques cyprès. A son pied la source jaillit et répand plusieurs filets inégaux ; une fois dégagée du bouillonnement qu’elle forme, elle s’étale en un large bassin, limpide et transparente, si bien qu’il est possible d’y compter les stipes qu’on y jette » (ndr : du lat. stips, stipis, offrande en argent, pièces et piécettes de monnaie) et les cailloux qui y brillent. Par ailleurs, toujours d’après Pline, des frênes et des peupliers entourent le bassin de la source, procurant une ombre salutaire durant la canicule.

5) L’eau est remarquable par sa transparence qui la rend blanche comme de la neige, sa fraîcheur est, elle aussi, comparable à celle de la neige.

6) Le comportement de la source est à noter aussi, car son débit varie selon la vitesse du pas du visiteur, et du bruit fait par sa marche : son débit est lent lorsque le promeneur s’avance doucement et en silence, bouillonnant quand il marche vite et bruyamment. De plus la source du Clitumne reflète, dit le texte de Claudien aux vers 514-516, non l’apparence physique extérieure des êtres, mais celle de leur caractère, de leur âme.

7) Dans les prés avoisinants, on peut voir des bœufs ou des taureaux, grands, blancs ou qui le deviennent lorsqu’ils se baignent dans la source, des animaux destinés au sacrifice



8)Le lieu fait partie des lieux de pèlerinage obligatoires pour les Latins.

9) Sur le bord du bassin se dresse un templum avec une statue de Clitumne (le dieu du fleuve Clitumne) en toge prétexte (dans l’ancienne Rome, toge blanche bordée de pourpre utilisée par les magistrats dits curules, et par les garçons de moins de 16 ans.)

Notons que cette tenue n’est pas anodine car elle indique que la divinité dans ce sanctuaire exerce le pouvoir et que sa volonté est efficace en ce lieu. Mais conformément au polythéisme, Clitumne, certes maître des lieux, est entouré de d’autres divinités résidant dans des « chapelles ». « Chacun a son culte spéciale, son nom et quelques unes même leurs sources. Car outre Clitumne qui est comme le père des autres, il y en a de plus petites, ayant chacune leur  lieu d’origine, mais qui viennent se mêler à la rivière sur laquelle est un pont. » Ce point se révèle important car nous découvrons que les divinités vénérées près d’une source ne sont pas la source elle-même, mais les « propriétaires » de la source. Dans ce panthéon, Pline distingue la divinité principale, maître des lieux, et les autres qui lui sont assujettis comme les Aquae, le fons ou les Nymphes. Il est fort possible que les Gaulois opéraient la même distinction avec une foultitude de divinités afférentes à une source.

10) Un peu plus bas que le temple et son bassin, un pont se jette sur le Cllitumne. Celui-ci représente « la limite du sacré et du profane » (Lettres 8,8,5). Autrement dit, en amont (vers la source), on ne peut toucher l’eau, celle-ci étant inviolable ; en deçà du pont, l’eau est profane, c’est-à-dire que les humains peuvent l’utiliser à des fins profanes. Petite précision ; de la même façon que les profanes ne peuvent avoir accès à la partie sacrée d’un temple, la partie sacrée d’une source est seulement pénétrée par les ministres du culte le célébrant, le préparant ou entretenant le temple.

Source de la Douix

De cela il sera tiré des éléments à prendre en compte pour établir un choix dans les sources à vénérer de nos jours sur nos territoires.

(A suivre)

Nous savons que le culte des sources se retrouve dans les traditions polythéistes de nos ancêtres européens, et même au-delà puisqu’il est présent dans le monde entier. Qu’ils soient Celtes, Grecs, Romains, Germains, Slaves, Finno-Ougriens, ou encore Basques, tous les peuples païens ont religieusement vénéré les sources, vénération qui a survécu jusqu’à nos jours.

De tous les peuples polythéistes, ce sont les Celtes, c’est-à-dire nous-autres qui avons la plus forte relation magico-religieuse aux sources. On ne compte plus les innombrables sources sacrées sur nos territoires tellement il en existe. Que les Celtes aient eu une intense relation religieuse avec les sources se comprend mieux lorsque l’on se souvient que de tous les peuples indo-européens, ils sont ceux qui intégrèrent le plus les cultes anciens, ceux appartenant au Néolithique et Paléolithique. Lorsqu’arriva la malédiction du christianisme en Europe, le culte des sources était tellement ancré dans l’esprit des gens, que les tenants de cette religion n’en vinrent pas à bout. Après les destructions de tous ce qui pouvait constituer un culte aux sources (poteaux, statuettes, ex-votos, petits autels), après de nombreuses tentatives d’interdictions, les chrétiens se rendirent à l’évidence, rien n’empêcherait la ferveur populaire de continuer à pratiquer un culte aux sources.  Quelle stratégie adoptèrent-ils ? La plus classique, celle qui consiste à remplacer l’objet de la dévotion par un autre, à savoir pour eux rendre hommage à un saint ou à une sainte à la place d’un dieu ou d’une déesse. Là où le bât blesse, c’est qu’on peut établir que le culte aux sources a été très légèrement christianisé, son fond subsiste sans trop d’altérations par rapport à son origine polythéiste.

Aux sources on prête des vertus curatives et un pouvoir de guérison appartiennant aux divinités des eaux et à l’esprit qui « habite » la source. Nos divinités ont le pouvoir d’exaucer les souhaits des pèlerins à la condition que ceux-ci leur présentent des offrandes conséquentes. Parmi celles-ci on trouvait par exemple des œufs, du lait, des lumignons, du sel, des pièces de monnaie. Ces dernières sont l’une des nombreuses coutumes anciennes qui a très bien survécu jusqu’à notre époque. Car qui n’a pas jeté quelques centimes dans une source, un ruisseau, une rivière, un lac pour voir réaliser quelques souhaits intimes ? Ces pièces de monnaie symbolisent une partie des richesses et du bien-être que l’on donne à nos divinités en échange de leurs bienfaits. D’autres offrandes furent attestées durant l’histoire du culte aux sources comme du pain, des fibules, des aiguilles, des symboles liés à la notion de richesse (beurre par exemple). On peut voir aussi de nos jours des bandelettes de tissu blanc accrochées près des sources car la couleur blanche est la couleur associée à la pureté et à la lumière. Au printemps les sources étaient décorées de fleurs, de feuillages, de statuettes, de lumignons, d’objets rituels.

Aux sources, les pèlerins y venaient pour pratiquer le rite dit d’incubation. En effet nos anciens leur prêtaient le pouvoir de révéler le destin des choses et des hommes. Après une nuit passée là, les rêves étaient interprétés par les prêtres desservant le sanctuaire.

Aux sources on y venait aussi pour leur pureté. Ainsi les pèlerins en recueillaient pour en ramener chez eux et bénir tout l’intérieur de leur maison, des étables, des réserves de nourritures. Inutile de dire que les druides s’en servaient et s’en servent encore pour les rites avec la purification des lieux de célébrations, des objets, des offrandes, des participant(e)s, etc. Dans ce cas on parle d’eau lustrale, une eau qui purifie tout ce qu’elle touche.

Peut-être aussi voyons-nous dans les sources le symbole de toute origine des choses visibles et invisibles à nos yeux ?
L’expression populaire « le retour aux sources » exprime parfaitement cette idée en l’associant à un devoir de mémoire. La tradition celtique du culte aux sources ne se conservera que si la pensée, le respect, la dévotion, la pratique se perpétuent encore à notre époque. Il nous restera ensuite à le transmettre à nos enfants et petits-enfants…

Source de la Divonne, Divonne-les-Bains

Source du Doubs

Hommage à Auanos à la source du Doubs

Source de l'Ain

Source de la Seine

Ex-voto d'un pèlerin aux sources de la Seine

Magnifique... puis-je diffuser cela sur mon blog, en indiquant bien-entendu la source ?

ah non, les sources n'ont pas fini de faire parler d'elles... grand bien nous fasse!

un grand merci à toi, Matolitus!

Bien sûr SoK, tu peux...

Merci Matolitus, ton partage tombe au bon moment pour moi.
Il m'évoque la relation particulière, attirance, vénération, que j'ai pour la rivière de mon pays natal.
Cela me fait penser aussi à la source de la Fontaine St Gré à Avrillé ou encore la source de la Fontaine de la Margerie à Dompierre sur Yon (Vendée).

J'ai eu une petite émotion en lisant ces lignes :
"Car qui n’a pas jeté quelques centimes dans une source, un ruisseau, une rivière, un lac pour voir réaliser quelques souhaits intimes ? Ces pièces de monnaie symbolisent une partie des richesses et du bien-être que l’on donne à nos divinités en échange de leurs bienfaits. "

Car la première offrande que j'ai faite cette année spontanément à ma rivière après l'avoir retrouvée, reconnue le lien perdu ou qui s'était distandu pendant trop d'années, C'est arrivé en allant lui rendre visite sur un des ponts qui l'enjambe, improvisée quelques paroles du coeur et jeter une pièce de monnaie. C'était spontanné, je n'avais pas réfléchi ou chercher avant ce qu'il convenait de faire.

Le petit ex-voto laissé par le druide-pèlerin est de toute beauté, moios Brater Matolitus… il est plus qu’évident que la Deua Sequana saura lui en être reconnaissante

Moi aussi, j'aime beaucoup l'ex-voto, bien que moderne, il est gaulois.
Je vais m'en inspirer.

petit bouquin sympa et intéressant : http://www.arbredor.com/le-culte-des-sources-dans-la-gaule-antique

Il est en commande via ma fille cadette qui vit à Genève. Merci à toi Setanta...

Merci Setanta pour cette référence bibliographique.
J'espère pouvoir me le procurer dans les mois à venir.

je suis heureux que vous y trouviez de l'intérêt ...

Bonsoir,

Merci Setanta pour la référence à ce livre intéressant ...

Matolitus, tu es passé à la Douix ?

Bonsoir,

Merci à toi Moios Brater Matolitus pour ce post très intéressant et important dans nos contrées....Merci encore pour toutes tes idées et ce livre que je découvre, je vais voir pour l'acheter....

Cet ex-voto a du plaire à ma Deua Teugia Sequana Merci à toi pour cette offrande....Puisse Sequana t'apporter tous les bienfaits et une longue vie en bonne santé ! Sepem !

Guson Moilos

Re-bonsoir,

Oups, je viens de revoir ma copie et m'aperçois que c'est Moiso Brater Dubrinertos qui a mit ce livre en liens de l'arbre d'or....Désolé

Bien à toi

Guson Moilos

pas grave moios brater...

Vedonia, aurais-tu stp une photo de cette fontaine St Gréé à Avrillé. Né dans ce pays des anciens Andecaues mais l'ayant quitté depuis des lustres pour l'ancienne Armorique, cela m'intéresse néanmois à titre de comparaison de ce que l'on trouve ici. Merci d'avance...

A Aidubena. Non nous ne sommes pas passés à la source de la Douix. Mais quand je vois la photo glanée sur le Net, je me promets de la découvrir un jour et de la sacraliser... Des anecdotes de ta part sur elle ?

Deruos a posté cette photo sur sa page FP. Ainsi nous pouvons voir que l'ex-voto dont parle Matolitus aux sources de la Seine est toujours de ce monde...

Bonsoir,

Superbe.....La Deua Sequana a garder ton offrande Ô moios Brater Matolitus...Puisse-t-elle te protéger et t’apporter tous les bienfaits sur toi et ta famille....

Bien à toi
G.M