Les sources n'ont pas fini de faire parler d'elles...

Entre les rites pratiqués à la Haute époque autour des sources et la nôtre, il s'est écoulé quelques siècles qui ont pu faire penser à certains que ces "abominations" païennes étaient révolues et appartenaient au passé. Ou alors, de nos jours, il faut payer à prix d'or les services qui sont dispensés dans les stations thermales. Que nenni ! Il suffit de "tomber" sur un article dans un journal, une rubrique sur le web, assister à un pardon breton, voire même d'effectuer pareil rite pour établir un pont avec nos prédécesseurs gaulois et perpétuer le culte des eaux. Point d'oubli pour nous, notre mémoire est toujours vivante et actuelle !!!

En prenant l'exemple de la source des Roches de Chamalières en pays Arverne (voir post dans Civilisation et Société Celtiques/Le culte des eaux par Matolitus), on récupère l'information suivante : la source sacralisée coule de nouveau et exprime ses bienfaits. C'est certes non pas à la population de Chamalières (encore faut-il le vérifier sur place) mais à une famille qui en a acheté le terrain. Bienheureux homme que ce Patrice Courtoy ! Mais je vous laisse lire l'article ci-dessous.

Soneti tua cradubio moios Brater Matolitus,

Merci pour cet article actuel et cette aventure.....

G.M

Au regard peut-être des cataractes qui inondent certaines parties de nos territoires, Matolitus est concentré actuellement sur le culte des eaux à rendre de nos jours. La CCC a, en archives, plusieurs rituels pour ce faire et notamment à la source de nos fleuves. Comme exemples, concrètement et durant 3 années de suite, il s'est rendu aux Sources de la Loire, "son" fleuve et a dispensé le rite du mieux qu'il a pu, les pieds dans l'eau et en tenue sacerdotale. Matuos connaît cet endroit où les 3 sources se rejoignent.

Sur ce territoire des anciens Osismes, en Armorique, un certain nombre de fleuves prennent leurs eaux à l'intérieur des terres, à une 20e de km de la mer. C'est le cas de l'Aven qui a sa source sur la commune de Coray au lieu-dit Penn-Aven.

Source de l'Aven

Alors pour consolider ce pont entre nos ancêtres et anciens, et nous-mêmes, il a été jugé hautement profitable de consacrer, en premier, cette source, et par voie de conséquences, ce fleuve (rappelons qu'un cours d'eau qui se jette directement dans la mer a droit à l'appellation "fleuve", fusse-t-il tout petit et de peu de km). La divinité présente pourrait être honorée par l'apport d'une petite statuette et bien sûr, d'offrandes...

Exemple de statuette avant peintures et pose d'un torque

Riche initiative, Matolitus. Et je suis ravi que ce soit l'Aven que j'étais enchanté de franchir de bon matin dans cette délicieuse combe boisée qui me menait chez-vous. Nous devrions faire de même dans nos Pays respectifs. Ainsi, les gens sauraient que ces sources sont honorées.

Voici puisque tu m'y invites, voici quelques photos personnelles de ce confluent dit "de Ligeret" des deux cours d'eaux qui ensemblent forment notre Loire, d'où tu as célébré et où je n'ai pas manqué de me plonger, "à l'Indienne" pour me purifier dans ce Fleuve sacré, après être allé rendre visite à l'autre source de la Loire (en remontant le cours que vous voyez à votre gauche et qui va en direction du Mezenc), celle dont nos touristes en goguette ne viennent pas lui emprisonner chacun à leur tour le cours dans leur bouteille d'Evian en visitant la ferme du Gerbier de Jonc d'où sortirait la "véritable" source...

le Gerbier de Jonc, véritable mamelle d'où sort notre Fleuve et le Mezenc, Montagne sacrée des Helviens et des Vellaves, ce jour-là:



ce confluent (on devine le Mont à droite)... remarquez que le bras dont je parle plus haut est celui qui amène le plus d'eau:



mes modestes offrandes de Credimaros en pélerinage: bâton de marche, bâtonnet d'encens et un beau cèpe cueilli un peu avant!!! sans oublier la dédicace sur un bois ainsi que nous le faisons à la CCC, qui n'est pas visible.



ensuite, le Fleuve-roi des Gaules et de France fût mon guide jusqu'en Armorique.

et puisque l'initiative de Matolitus, qui est d'installer une petite statuette à la source de l'Aven t'a séduit, Matuos, eh bien pourquoi pas la dupliquer en maints endroits tout aussi dignes d'intérêt sur nos terres, à savoir les sources qui figurent en photos dans le Post "Le culte des eaux" dans la partie Civilisations et Sociétés Celtiques du Forum.?

Bien sûr on trouvera aussi les sources de la Loire car je me fais fort de retourner là-bas avec Uirgia. Autant dire qu'un certain travail de menuiserie, de sculpture et de peinture devra être fourni pour arriver à faire en sorte qu'une 15e de statuettes comme celle ci-dessous soit véhiculée au cours de mon prochain pèlerinage...

je vais m'y employer avec un immense plaisir. la saison se prête bien à ce genre de travaux et les veillées sont longues; mais il va falloir me guider dans chaque cas de figure, que je ne me trompe pas: bois, dimensions, couleurs...

Bonjour à tous deux,

Belles initiatives mes Brateres.....Je suis partant pour l'aventure....Idem pour moi il faudra m'aider, taille, bois type, couleurs, ect....

L’idée de déposer une effigie de la divinité de la source est excellente, par contre (excuse-moi par avance) je ne comprends – toujours – pas le choix des couleurs que je trouve vraiment trop criardes. A mon sens il aurait mieux valu laisser ce cromo au naturel, voire légèrement teinté, afin qu’il se confonde avec l’environnement du lieu.

Carantia trouve qu’ainsi il ressemble à un gros mérou…

Un crono n'a t'il pas vocation à servir lors des cultes au Nemeton?
Je trouve beaucoup de charme aux ex-votos de tailles plus modestes.
Quoiqu'il en soit, je suis aussi preneur pour les conseils de tailles.
Je me suis laissé tenté une fois en vain sur une buche et sinon faire de vilaines encoches...

C'est vrai que le bois naturel est joli....

Matuos a écrit:

le Mezenc, Montagne sacrée des Helviens et des Vellaves, ce jour-là

Une seule fois dans ma vie je suis allé au Mezenc. avio dez-o-nau ons, èri mounitour de coulounio de vacanço à Tenço e acò èro nouste jiour de coungiet. aneran un escamot al Mezenc e, del tenp que lis àutri faziou la prandièiro ou fenhantejiavou poujèri fin la cimo.

J'avais dix-neuf ans. J'étais athée ou du moins je le croyais et à un moment de mon ascension j'ai senti une présence et j'ai pensé au Dieu Lug, en me disant que, sa religion étant abandonnée, il avait pris une sorte de retraite dans le Mezenc.

ça a piqué ma curiosité et m'a fait avancer plus vite tout en cherchant des yeux d'éventuelles grottes : n'i avio pas.

au sommet j'avais encore cette sensation, troublante mais pas du tout effrayante. Il devait être deux heures et quart de l'après-midi. C'était donc un plein jour. Il n'y a eu aucun effet de nuit ou d'ombre.


En redescendant, même sensation jusqu'à mi-pente à peu près, puis d'un seul coup - sans aucun effet progressif - la sensation que j'étais sorti du territoire du "Dieu" - je me disais à l'époque que ma pensée à Lug était purement poétique et je ne savais pas ce qu'était cette présence - quoique il en soit j'étais sorti du territoire de quelqu'un.

Je suis revenu en arrière de quelques pas pour vérifier, et je me suis senti à nouveau sur ce territoire habité.

Puèi davalèri rejounhe lis àutri.

Je leur ai dit "Le Dieu Lug habite là-haut, vous ne voulez pas monter ?
Ils ne savaient pas qui est Lug et ils étaient trop fainéants, pressés de revenir aux voitures.

Les résistances à la couleur

Les archéologues ont ramené depuis plusieurs décennies tout un tas de vestiges et de statuaires des fouilles entreprises sur nos territoires celtiques, la plupart ayant perdu leurs primitives peintures. Car n'en doutons pas, la polychromie était aussi en vigueur chez les Gaulois comme chez les Grecs. Et pourtant que de résistances par le passé et de nos jours...

Si l'on prend le domaine grec par exemple, l'esprit du 18e et 19e siècles èv a construit tout un discours idéalisant et théorique à partir de la blancheur des statues grecques, discours allant à l'encontre des découvertes archéologiques. « Le blanc est la couleur de l'idéal puisqu'il réfléchit le plus de lumière » (Winckelmann). Eh bien c'est tout le contraire, car les résultats des fouilles révèlent indubitablement que la peinture avait une grande place dans le monde grec, que ce soit dans la reproduction des divinités du panthéon, l'architecture ou la décoration des temples ou des maisons.

Les artistes de cette époque (18 et 19e) ont emboîté le pas en ne cessant d'appliquer de la blancheur à leurs statues et leurs édifices. Toute une génération de sculpteurs, dont la « Greek Revival » en Angleterre, durant les 1res décennies du 19e siècle èv, en ont produit des statues blanches.

Certains ont vu dans la bourgeoisie commanditaire de ces œuvres, un fantasme de la pureté originelle, tandis que les sociétés occidentales s'industrialisaient de plus en plus. Ce pourrait être aussi le regard de nous-autres, faussement induit par nos conceptions ou notre environnement, qui nous empêche de voir ou de croire à la réalité polychrome des arts antiques, qu'ils soient grecs ou gaulois.

Pour ma part je trouve quand même étonnant que nos « anciens » aient séparé, dans leurs travaux à des fins profanes ou sacerdotales, le plaisir des yeux de celui de l'esprit ! Que les couleurs que Matolitus a choisi soient « criardes » ou que sa statuette ressemble à une tête de mérou, pourquoi pas ? Qu'il n'y ait aucune couleur, il ne peut le concevoir...

Promis Matuos, Gussuos Moccos et Clyde, je vous livre prochainement les renseignements que vous me demandez...

Tu as tout à fait raison, moios Brater Matolitus, les frontons des temples grecs et romains ainsi, d’ailleurs, que les statues de leurs dieux, étaient peints, cela est juste et vrai. Je n’ai rien à redire là-dessus. Juste une chose. Les statues gréco-romaines sont – comme tu les montres présentement – anthropomorphes et les couleurs utilisées classiques. Je veux dire par là qu’une statue (delua) n’est pas un poteau-idole (cromo) ou simulacre comme le disait Lucain en parlant de nos représentations divines…

« … les sinistres simulacres des dieux manquent d’art et se dressent informes sur des troncs coupés… » (Lucain, Pharsalia)

… et les teintes employées étaient tout ce qui a de plus normal, c’est-à-dire qu’un visage était couleur chair et non verdâtre.

En fait, ce n’est pas tant le fait que tu es peint ton cromo qui m’a surpris, non pas, mais la couleur employée pour peindre le visage. Personnellement si j’avais du le peindre j’aurais utilisé de la peinture « chair » pour la peau. J’aurais mis du blanc dans les yeux, fait l’iris bleu, mis un marron clair pour les sourcils et du jaune pour la chevelure. J’aurais réduit les lèvres et les aurais rehaussées d’une couleur chair-foncé… pour le corps, là, par contre je l’aurais peint vert-eau.


Excuse-moi si je t’ai contrarié avec mes réflexions, moios Brater, ce n’était pas mon intention. Je voulais juste te dire que, selon moi, ces couleurs n’étaient pas vraiment engageantes. Vois par toi-même…

Ouf ! Moios Brater Auetos, j'ai cru un moment, en te lisant, que tu étais contre le fait de peindre les bois représentant de nos divinités... Voilà, je constate que nous sommes donc d'accord.
Pas de souci pour moi au regard de tes écrits, c'est le débat qui fait avancer la réflexion... Pour ce qui est du bois sculpté ci-dessus et peint par mes soins, il constitue un prototype à un instant T et non une version définitive ! D'ailleurs, y en aura-t-il des versions définitives, car ce qui est vrai aujourd'hui, ne le sera peut-être pas demain... l'important n'est-il pas d'essayer de "coller" au plus près de la réalité connue et de laisser parler son intuition ?

Alors pour continuer dans l'idée de "produire" un certain nombre de représentations destinées à honorer l'esprit de sources sur nos territoires, voici une photo qui montre le bois que Matolitus va utiliser pour en réaliser :



Les dimensions :
- hauteur, autour d'1 mètre
- tasseaux de section carrée (5 cm x 5 cm) ou rectangle (6,5 cm x 5 cm)
- planchettes de largeur 7,5 cm et 10 cm sur 2 cm d'épaisseur

NB : ces bois ont été rabotés afin que la peinture soit plus facile à mettre au pinceau (surtout les micro-détails comme par exemple une fibule...)

je note tout ceci précieusement, au fur et à mesure.

Soneti tua cradubio moios Brater Matolitus,

Ok c'est noté pour les dimensions, mais pourquoi des planchettes ? , les tasseaux Ok et la hauteur ok....

Bien à toi

Eh bien cher Gussuos Moccos, c'est tout simplement pour diversifier les expérimentations et donc ouvrir les possibilités de réalisations par les un(e)s et les autres. A moins d'être correctement outillé avec les ciseaux à bois qui vont bien, la sculpture sur les tasseaux n'est pas si facile que ça, encore moins dans une bûche. Alors la stylisation sur une planchette sera peut-être plus aisée, comme a pu le faire Auetos sur cette photo :



Pour ce qui est du dessin des visages, j'envisage de les peindre (sur ces planchettes) en m'inspirant ce que l'on peut trouver sur des pièces de monnaie gauloise.

Soneti tua cradubio moios Brater Matolitus,

Ha ok je comprend mieux....ça me parle... Merci.

Après 1/4 d'heure de travail :



NB : Matolitus a plutôt l'habitude de faire les choses les plus difficiles en premier et les plus faciles en dernier. Cette fois-ci il a fait une petite entorse à sa règle privilégiant une planchette et non un tasseau...

Prochaine étape, le dessin du visage et le haut du vêtement

Après 1/2 heure de travail :



Prochaine étape : les cous et le haut des vêtements

Voici ce que les dessins des têtes sur les planchettes pourraient donner en s'inspirant des pièces ci-dessus :