Le nom chez les gaulois.

il est commun dans les films, les livres et même le milieu de la reconstitution que les nom gaulois des personnes ou des personnages soient directement liés à ceux des Dieux. ainsi on compte bon nombre de personnages féminins nommés Epona.
Pensez vous que les anciens gaulois auraient pu eux aussi usé des noms des divinités ainsi, ou cela aurait il été jugé, incorrect?

Je me suis déjà pausé la question à plusieurs reprises ! La réponse m'intéresse grandement.

Sinon, j'ai lu une fois que si on traduisait la majorité des prénoms gaulois connus, nous aurions le sentiment d'être chez les Amérindiens. ça donnerait des Fils-de-l'Ours, Oeil-de-Faucon, Rivière-ondoyante ...

fils de, fille de, c'est Gnatos /Gnata
descendant de c'est Genos /Gena

A mon avis et ce qui me paraitrait logique c'est qu'un enfant gaulois avait un prénom.
Disons Rufius ( loup cervier/ lynx), un nom AlaudaGenos, ( fils de l'alouette) et éventuellement pour les plus illustres d'entre eux un surnom, mais dans le sens "au dessus" du nom CingétoRix ( roi des guerriers)
C'est un usage encore en court dans les pays nordiques, comme l'Islande, ou le nom de famille est le prénom du père avec l'adjonction "Son" ( fils de). (ex: AnderSon)

Mais dans le cas présent, ce qui m’intéresse, c'est de savoir si un gaulois aurait eu assez de prétention pour se dire fils de Dieu ou pour nommer un de ses enfant du prénom d'un Dieu.

Personnellement, je ne le crois pas. Mais j'aimerai avoir vos points de vue.

Merci pour ces informations.
J'attends également de lire les autres points de vue sur la possibilité de l'attribution du nom d'un dieu comme prénom.

Bonjour,
si l'on en croit Bruneaux (qui dit beaucoup de bêtises mais pas que ...), chez les gaulois "l'homme est seulement désigné par son prénom et par celui de son ascendant direct (Andecamulos Toutissicnos : Andecamulos, fils de Toutissos...). Ces deux noms doivent être suffisants pour individualiser chacun, au moins à l'intérieur de sa communauté. Hors de celle ci, il faut remonter dans la généalogie et faire appel à un ancêtre connu de tous (...)
Il est possible que des surnoms se soient accolés au nom propre ou l'aient même remplacé. Beaucoup d'appellations , descriptives et assez souvent emphatiques, n'ont pu être données qu'à des individus déjà adultes et révélant certains catégories physiques ou morales (Orgétorix, roi des tueurs) (...); Certaines se rattachent à des animaux emblématiques (Matugenus, fils de l'ours...). D'autres évoquent des métiers ou des fonctions (Gobannitio, le petit forgeron, Diviciacos, le vengeur...). Ou encore des particularités physiques (Crixus, le crépu...)"
Donc, pas de divinités semble-t-il ... ou alors, peut-être, dans les surnoms (Belenertos : force de Belen...)

pour ce qui est de mon opinion personnelle, Clyde, je pense que les Gaulois avaient beaucoup trop de considération pour leurs déesses et leurs dieux pour donner leur nom à leur progéniture. De nos jours, tu l'as dit, dans certains films ou livres, les personnages peuvent porter des noms de divinités .. ou bien sur Internet, en tant que pseudo mais je trouve ça (dans le dernier cas) excessivement prétentieux... Et pour ce qui concerne les noms "initiatiques" des membres de groupes païens, ce n'est pas un cadeau à se faire que de s'appeler Lugus, ou Kernunnos, ou Odin, ou Epona : un sacré poids à porter d'une part et qui, d'autre part, me laisse un peu à penser que ces "néo-dieux" envisagent le paganisme davantage comme un jeu de rôles qu'un Chemin spirituel...

Une fois n'est pas coutume, nous sommes d'accord, Setanta.
Appeler un nouveau né, appelé à peut être mourir dans les jours à venir, Taranis, c'est vraiment très prétentieux.
"Belenertos", je ne connaissais pas ce nom ou surnom.  pourtant j'ai fouillé dans mes listes. Mais même parmis les grands rois gaulois, aucun ne semble faire lien avec un nom divin.

j'ai pourtant l'impression que nous sommes souvent d'accord, non ?

Setanta a écrit:

j'ai pourtant l'impression que nous sommes souvent d'accord, non ?

On est "presque" toujours d'accord! (rire) C'est d'ailleurs ce que j'ai écrit plus haut!

Bonsoir,

Pour moi, je n'oserais pas mettre un nom de divinité.... Mais je choisirais comme cela est le cas pour moi, un nom qui ressemble au caractère ou bien autre chose....

G.M

Avis que je partage Guson Moilos.
EpoGnata me semble plus à propos qu'Epona.

De mémoire, on a des Esugenos, des Cynfelin (Cunobelinos, sûrement), etc. Mais effectivement pas de nom de divinité tel quel. Même chose chez les Germains, il me semble.

de plus osé que je connaisse, j'ai noté un "Lugutectos" qui serait donc possédé de Lugus à Cucuron... encore un Cavare qui bombe le torse!

et aussi dans la même veine un potier qui devait dépoter, car il aurait eu la puissance de Lugus, Lugupectos!!!

je pense que les plus sages d'entre ses dévots, comme ce présumé Druide dont la pierre ogamique se dresse fièrement sur les terres d'origine de ma lignée paternelle irlandaise, se contenteront comme lui d'un modeste Lugudeccos, serviteur de Lugus.

à fouiller!

J'imagine que le druide Belenertos que je connais n'a pas attendu de trouver trace de son nom, aussi l'exprime-t-il en toute légitimité.
Je suis comme vous quand je vois se présenter quelqu'un sous le nom d'une divinité. Mon sang ne fait qu'un tour.
Cela étant, "la référence" d'un nom au divin se justifie souvent en raison de multiples raisons qui sont la plupart du temps induites (je dirais à notre insu ou de visu) et inévitables. Est-ce faire l'objet d'une filiation que de porter un nom qui vous colle au os, que les évènements et les expériences s'évertuent à vous le pénétrer ? Je pense que oui.

A son tour Matolitus vient donner son avis sur les noms en gaulois que les uns, les unes peuvent porter. Eh bien il vous rejoint totalement, messieurs, quand vous dites que c'est extrêmement prétentieux que de s'affubler du nom d'une de nos divinités. Etonnante cette vanité qu'ont certains, certaines à vouloir être une incarnation divine...

Je suis très mitigée sur ce sujet.

Il y a plus d'un an, mon avis se serait rapproché du vôtre.  Mais plutôt que de la prétention,  c'est le fait d'en être digne et non insultant envers nos divinités qui primaient.
Depuis j'ai rencontré une clairière où les druides et " druidesses " portent le nom de divinités. Je n'y ai vu nul prétention.  J'ai vu au contraire des hommes et des femmes très humbles,  réfléchis,  la main sur le coeur et veillant à agir avec honneur.

Et lors du dernier rituel que j'ai fait avec cette clairière,  une druidesse a fait appel à sa déesse tutélaire, liée à la Terre, pour demander protection.  Croyez-le ou non, mais c'est comme si je sentais l'espace sacré s'ouvrir sous mes pieds avec cette druidesses comme épicentre.  Et j'ai senti cette énergie maternelle,  à la fois douce et puissante,  nous entourer.

Quand je vois ce clergé portant le nom de leurs divinités tutélaires,  cela ne me pose plus de problème.  Mais comme toujours,  il y a le problème de l'humain et de ce qu'il fait et projette.  Alors des druides qui se nomment comme divinité par orgueil, je ne doute pas hélas que cela doit arriver souvent.

Personnellement,  je ne me sens pas capable de prendre le nom d'une divinité.  Et je pense que ceux qui le font prennent un grand risque.  Encore plus s'ils ne sont pas dans la voie druidique,  mais simple credimaros ou pour la reconstitution.

Mais j'y suis moins opposée qu'auparavent depuis que j'ai rencontré cette clairière.

Et bien, une fois n’est pas coutume, je suis moi-aussi mitigé sur le sujet… bien que nous « sachions » par les inscriptions qui nous sont parvenues qu’aucun de nos illustres ancêtres auraient eu la folie de donner, en premier nom, à un de ses enfants le nom d’une divinité, il n’est pas idiot de penser que, peut-être, pour protéger ces mêmes enfants, ils leur auraient donné le nom d’un Dieu ou d’une Déesse, en prénom secret…

En Inde, aujourd’hui encore, bien que la majeure partie du temps les prénoms sont comme chez nous une qualité réelle ou espéré, comme par exemple Sarala (« Honnête ») nous trouvons des personnes portant le nom de Krishna, de Sarasvatî voire même de Shiva.


Quant à la Clairière dont les druides et femmes-druides portent des noms de divinité, je les connais assez (du moins certains d’entre eux) pour dire qu’ils ne font pas ça par prétention mais plutôt par une sorte de vocation… pour ceux qui en ont compris le sens, bien sur.

Ma Suaser Corridunia ne porte pas ce nom pour le simple plaisir de le porter… ce serait blasphémer, mais bien parce qu’elle s’est vouée corps et âme à cette divinité, et, croyez-moi, d’après ce que j’ai vu de mes yeux vu, elle est réellement investie par cette Déesse.


Maintenant il est vrai que j’ai aussi rencontré des… « druides » qui portaient des noms de divinités, mais eux, c'était juste pour le fun.

Auetos, nous sommes d'accord immédiatement sans longue discussion ! Le ciel va nous tomber sur la tête !

Vous avez de suite compris de quelle femme druide je parlais et je suis heureuse  d'apprendre la traduction de son nom en gaulois.  Vocation.  Vous avez su trouver le meilleur mot pour définir les membres de cette clairière.  Du moins ceux que nous connaissons assez bien.

J'aime beaucoup l'idée de prénom secret pour protéger un enfant.

Je vous remercie tous pour vos avis.
Apriori donc, aucun d'entre vous n'a connaissance d'un gaulois historique ayant porté le nom d'une divinité. Je n'en ai même pas trouve un qui portait un nom composé en mentionnons, genre "servant de..." ou "aimé de..." En même temps, il est vrai qu'on ne connait pas de noms de druide, sinon un certain Eduen.
Les Gaulois n'étaient pas avares de superlatifs, il suffit de voir les patronymes des "grands guerriers", des noms qui n'étaient sans doute pas leur nom de naissance. Quels parents appelleraient un poupon "grand roi des guerriers"?

Clyde TriCanauos a écrit:

Avis que je partage Guson Moilos.
EpoGnata me semble plus à propos qu'Epona.

Oui, le nom du Dieu ou de la Déesse est son nom exclusif mais il peut entrer dans un nom composé.

Il y a au moins deux Epona historiques.

L'une dont j'ai oublié la biographie. L'autre était la femme d'un Gaulois qui en 69 après le fada de Nazareth a tenté de fomenter une révolte gauloise séquane, sans succès.

Il a dû vivre caché et les Romains ont fini par le trouver en filant sa femme qui lui apportait à manger.

Mais le nom Epona veut dire "qui aime les chevaux" "relative aux chevaux" et je pense que dans le cas des femmes comme dans le cas de la déesse c'est un adjectif devenu nom propre.

Il y a aussi Eponine, l'aînée des enfants des Thénardier dans les Misérables, de Victor Hugo ...

Bledoorgetos a écrit:

Clyde TriCanauos a écrit:

Avis que je partage Guson Moilos.
EpoGnata me semble plus à propos qu'Epona.

Mais le nom Epona veut dire "qui aime les chevaux" "relative aux chevaux" et je  pense que dans le cas des femmes comme dans le cas de la déesse c'est un adjectif devenu nom propre.

Il me semblait que cela signifiait  " grande jument", c'est aussi la traduction qu'en fait Savignac dans ses écrits concernant les divinités gauloises.
"Celle qui aime les chevaux" n'est il pas une interprétation de sa nature, par les cavaliers qui ont ainsi tenté une main mise sur elle?

Il semble qu'avant de devenir la protectrice des chevaux et des cavaliers, à l'époque du haut-Empire romain, Epona était une déesse bien plus importante, en charge de la fertilité, déesse psychopompe, et certains auteurs l'assimilent à Rhyannon ou à Rigantona, la Grande Reine. Tu as raison Clyde, la traduction "Grande Jument" lui convient donc beaucoup mieux que cette simple fonction utilitaire de déesse protectrice des moyens de communications et des écuries...

Setanta a écrit:

Il semble qu'avant de devenir la protectrice des chevaux et des cavaliers, à l'époque du haut-Empire romain, Epona était une déesse bien plus importante, en charge de la fertilité, déesse psychopompe, et certains auteurs l'assimilent à Rhyannon ou à Rigantona, la Grande Reine. Tu as raison Clyde, la traduction "Grande Jument" lui convient donc beaucoup mieux que cette simple fonction utilitaire de déesse protectrice des moyens de communications et des écuries...

ça c'est sûr. Je parlais du nom. (c'était le sujet)