Les marques de tête

LES MARQUES DE TÊTE

En Inde, cette marque portée sur le front, censée porter bonheur, se nomme tilak (« signe »). Elle fait référence à la déesse Ushas, première épouse du dieu Surya, qui apparaît portant une marque rouge vif sur le front, symbole du soleil levant. Cette marque montre aussi son appartenance à un groupe religieux. Le tilak arboré par les vishnouites a la forme d’un U de couleur blanche dessiné autour d’un trait rouge ou noir, désigné sous le nom de tirunama symbolisant les traces du pied et du triple pas de Vishnu. Les shivaïstes portent sur leur front trois lignes horizontales tracées avec des cendres, souvent avec un point en tant que symbole du troisième œil, nommées tripundraka (« trois points »). Les trois lignes représentent les trois liens à détruire qui emprisonnent l'âme dans son incarnation : anava (ego, sensation du moi exacerbée), karma (acte, enchaînement des actes liés au désir) et maya (illusion, croyance que son Soi n'est qu'un corps et un mental éphémères, s'attacher au choses transitoires). La cendre sacrée est un rappel du caractère temporaire du corps physique et de l'urgence d'œuvrer à la réalisation spirituelle.

Chez nous, ainsi que d’autres groupes druidiques ayant imité notre façon de faire, les Sacrouiroi de la Celt.Cert.Cred. et ses affiliés se distinguent par l’adoption d’une marque-de-tête nommée triregeies, qu’ils se tracent sur le front avec de la cendre sacrée (1) ; ce signe se compose de trois lignes verticales et parallèles - ||| - ou de trois lignes dont seule celle du milieu est parfaitement droite tandis que les deux autres, obliques, s’évasent en allant vers le bas - /|\ - formant un tribannos.

Ces lignes se font en une fois avec les trois grands doigts (index, majeur, annulaire) de la main droite ou en trois fois avec un doigt (annulaire) toujours de la main droite.

La première ligne, représente le Feu du nord, la Terre, le pouvoir de création, l’aube et le dieu Aeduos ; la seconde ligne, représente le Feu du sud, l’atmosphère, le pouvoir du désir, le midi et le dieu Taranis ; et la troisième ligne, représente le Feu Offertoire, le monde des dieux, le pouvoir de connaissance, le crépuscule et le dieu Belenos. Mais, ces trois lignes représentent aussi – et surtout – les trois premières voyelles de l’alphabet oghamique [combinées en une] et donc, par la même, le Tribannos (« Triple-rais »), symbole du son primordial.

Nos Ouedai, quant-à-elles, maîtresses en théurgie, se tracent ces trois lignes verticales, parallèles, non pas sur leur front mais sur leur menton. Non pas avec de la cendre mais avec de la suie, symbolisant les trois gouttes bénies des grâces de l’esprit (« Inspiration, Science et Connaissance ») qui jaillirent du chaudron de Corridunia et qu’elles transmutent en louanges, incantations et jugements.

Ainsi nos officiants sont purifiés par le feu après l’avoir été par l’eau grâce aux ablutions préliminaires. De fait, nettoyés de tous les actes négatifs, majeurs et mineurs, ils peuvent prier tous les dieux, tous les dieux les reconnaissent, ils sont devenus ceux qui se sont baignés dans les eaux sacrées, ceux qui sont passés dans tous les feux sacrés, ceux qui psalmodies.


(1) La cendre sacrée est celle provenant des deux feux périphériques allumés lors des Belotennia pour purifier l’assemblée. Une fois récupérée, cette cendre est tamisée, lavée, séchée, puis stockée.