Main droite et main gauche

Au Moyen Age, les diplômes n'existaient pas. Aussi pour attester de sa qualification professionnelle auprès de ses employeurs, un ouvrier venu de loin, ne parlant pas forcément la langue locale, arrivant sur le chantier d'une cathédrale, devait disposer d'un moyen universel pour prouver son appartenance à un corps de métier, puis pour préciser son grade. Ce langage véhiculaire s'exprimait par des "signes, mots et attouchements". Ces signes de la main dits de reconnaissance, étaient jalousement gardés et communiqués uniquement aux apprentis qui le méritaient lors de leurs initiations. Par exemple, lors de la poignée de mains, le signe était donné par une pression du pouce sur certaines parties de la main. Ces signes deviennent plus complexes au fur et à mesure que l'on monte en grade.


Blason de la ville d'Alet-les-Bains (Aude)

Le Compagnonnage désigne principalement une branche du mouvement ouvrier français, célèbre pour son "tour de France". Le terme apparaît dans la langue française en 1719 pour désigner le type de formation professionnelle qu'un compagnon devait effectuer chez un maître dans tel corps de métier. Du latin populaire compagnionem "celui qui partage le pain avec l'autre", (cum "avec" et panis "pain"), il évoque un compagnonnage de vie, un groupement de personnes de même métier dont le but est l'entraide, la protection, l'éducation, la transmission de connaissances entre membres. Certaines branches du Compagnonnage font remonter leurs racines jusque dans l'Egypte antique où les maîtres-artisans se transmettaient déjà des connaissances secrètes de génération en génération. Ce serait ces connaissances qui leur auraient permis de construire les fameuses pyramides.

Un autre geste de la main dans le Compagnonnage est celui de la main-gorge. Il signifie que celui qui l'effectue ne révélera jamais un quelconque secret sur le sens de son métier sous peine d'avoir la gorge tranchée.

tout celà se retrouve en Franc-maçonnerie ... alors quid de la poule et de l’œuf ?...

j'imagine qu'en lisant certains livres de Vincenot vous avez été comme moi des plus enthousiastes d'apprendre qu'une part du savoir que se transmettent ces Compagnons puisse être druidique?
comment cette idée est-elle reçue dans le druidisme de nos jours? l'occasion de demander aussi si cet écrivain était pour vous un "compagnon de route" et si il a lui-même été Druide, ou si l'oeuvre singulière qu'il a échafaudée lui a été "seulement" inspirée par sa terre de Bourgogne et le compagnonnage.

Bonsoir,

D'après les dires de certains, Mr Vincenot aurait fréquenté un groupe druidique...d'où le pourquoi...Je n'ai plus le souvenir du nom du groupe... 

J'adore ses livres...

Mais cela ne change rien au fait que les traditions passent oralement et de mains en mains depuis de nombreuses générations...avec des modifications suites aux périodes, aux pays, etc......mais bon les textes et les mots sont là et bien là, et ce, quelque soit la tradition qui la véhicule...!

Bonne soirée

personnellement je suis resté sur les commentaires de la Gazette sur les femmes, dans "le pape des escargots" et n'ai jamais pu aller plus loin : "les halètements de l'engeance", "qu'elles puent", "quel beau cadeau la vocation du célibat", "ses fureurs utérines", "plaie ouverte d'où s'écoule l'erreur sans fin", "monstre cloué sur l'arbre de l'engeance", j'en passe et des ... "meilleurs" (?). Je sais bien que l'auteur ne partage pas obligatoirement les pensées de son personnage mais bon quand même, on ne me fera pas croire que Vincenot était en complète opposition  avec ces répugnantes réflexions sur les femmes ! je sais bien aussi que le personnage de la Gazette se devait de "protéger" son disciple de l'emprise des femmes mais on ne m'enlèvera pas de l'idée là non plus que c'est un comportement absolument monothéiste !
Alors, non ! selon moi Vincenot n'avait rien d'un druide, pas plus que n'était druide saint-Bernard : pour lui aussi, ce prêcheur de croisades, ce persécuteur d'Abélard, la femme est "un sac de m-rd-" ! . Tout au plus l'auteur bourguignon avait-il une certaine conscience celtique mais gauchie dans son ensemble  par un monothéisme, un amour pour l'Unique qui n'a rien à voir avec notre vision du monde druidique.

celà dit, cher Ballios, je pense aussi et complètement indépendamment de Vincenot "qu'une part du savoir que se transmettent ces Compagnons puisse être druidique"
d'ailleurs, j'ai passé la matinée de ce samedi à visiter à Melle dans les Deux-Sèvres, une église Saint-Hilaire dont le symbolisme notamment des décorations et de l'orientation est par essence druidique...

bonsoir Marcassin,

et merci
moi aussi j'ai aimé ces livres. le temps passe et les compagnons sont toujours aussi respectés et admirés, ils restent détenteurs de savoir-faire et de connaissances inégalés dans leurs métiers!

bonne soirée,

bonsoir Setanta,

c'est une église romane?
qu'as-tu vu de beau en musardant tout le matin dans cette église?

voici la frise du porche d'entrée de ND de Beauvert à Ste Jalle (de Ste Galle, qui serait originaire de ce village) dans la Drôme, une splendeur de l'art roman bâtie sur l'ancien temple de Baginus dont on a déjà parlé ici (Ste Luce).



de gauche à droite un coq, un homme et son bâton, celui du milieu porte une chouette sur l'épaule et le dernier joue de la vielle; je me suis toujours demandé si ces trois hommes ne seraient pas...sacerdotes?
mais je me fais peut-être des films! vos avis éclairés m'intéressent.

Setanta, je n'ai pas vu que ton message était en deux parties: je ne sais pas si ces caricatures répétées de femmes sont à imputer au monotheisme, mais à sa trouille des femmes là j'en suis sur! et à un tel niveau, je pense que ça relève de la psychatrie...dommage pour lui et pour son génie qui se cantonneront leur vie durant aux courtes vues en la matière de la Gazette et de son froc dégueulasse!
sur Bernard de Clairvaux, je ne maîtrise pas bien le sujet mais le peu que j'en sais me range derrière ton avis.
bonne journée,

Oui c'est une église romane du XIe siècle... toute entière dédiée à l'eau et à la fertilité. J'y ai vu des entrelacs, des vouivres, des Mélusines, une chasse au sanglier, des symboles solaires, des roues et des esses et même un tribann et une tête de ... gaulois !

http://www.flickr.com/photos/art_roman_p/sets/72157624668209213/

Je sens bien qu'à travers vos posts, le travail des Compagnons vous inspire et ce, grâce à tous les témoignages qu'ils ont laissés, notamment dans la pierre d'édifices religieux. Ces témoignages sous la forme de signatures, d'ornementations et de symboles veulent dire qq chose et il est méritant d'en chercher la signification et lever ainsi les voiles de l'oubli. Des auteurs se sont collés à ce travail de décryptage. Le sujet m'intéresse. Si vous aviez des suggestions, je suis preneur.
 
Pour en revenir à ta question Setanta, je ne peux pas te répondre, n'ayant jamais approché la Franc-maçonnerie. Ce que je sais, c'est que les différentes organisations de Compagnons, soit mentionnent sur leurs sites Internet que « les symboles et rituels de la Franc-maçonnerie et du Compagnonnage sont très différents, bien qu'ils aient des éléments communs », ou « vu les liens historiques qui unissent la naissance de l'Union Compagnonnique en 1889 et la Franc-maçonnerie, via la double appartenance d'un grand nombre de ses membres, à commencer par son fondateur Lucien Blanc ». Je suis donc d'avis d'en tirer uniquement les informations utiles à nos propres études druidiques, et de les laisser vivre leur vie de leur côté.

Mais puisque tu me tends la perche Setanta, je ne résiste pas à vous livrer 2 nouveaux gestes de la main utilisés par les francs-maçons. Il s'agit de signes d'ordre appartenant aux 2 et 3e niveaux.



Nous avons vu déjà la signification du 1er à gauche. Le 2e veut dire que « je ne révélerai jamais quelconque secret sur les arts, parties, points, mystères cachés de la Franc-maçonnerie... Je dis cela librement sous peine d'avoir mon sein ouvert... Et mon cœur et mes poumons laissés tombés sur mon épaule gauche... (le Rituel de Duncan pp. 34-35). Et le 3e est de la même veine : « (…) sous peine que mon corps soit coupé en 2, mes intestins pris et brûlés en cendres... »

Carmina Gadelica, d'Alexander Carmicheal (publié en 1900) était le travail de toute une vie et ambitionnait de recueillir avec fierté et respect des chants, poèmes, hymnes, charmes ou prières en gaélique des Highlands écossais.

Les invocations ci dessous complètent bien ce qui a été dit ici sur le serment celtique : elles étaient dites à l'aube du procès, tout en se lavant ce qui nous donne aussi du même coup le serment et une forme de bain rituel qui à l'origine devait être très proche de ce qui est prescrit dans les Vedas indiens (références au bain, au soleil et au lait)...

Bien sur, les habillages chrétiens sont aisément transformables pour vous Druides, et le matériel venu du fond des âges est là qui attend vos mains expertes pour être remis au goût du jour (si ce n'est déjà fait).
En les lisant, je me dis que des éléments pourraient être intégrés avec bonheur au Serment devant les dieux et aux ablutions matinales et/ou salutation au Soleil. Non ?

On sent aussi une vrai défiance de ces paysans pour la justice post-clanique locale (20 et 21) qui est sans doute la conséquence de la trahison des élites gaéliques écossaises, largement vendues à l'occupant qui ont expulsés la plupart de leurs fermiers pendant les sinistres « clearances » (véritable nettoyage ethnique des Highlands d'une violence inouïe) et orchestré la mise à mort de la culture gaélique traditionnelle pour le plus grand bénéfice des Anglais en échange de titre de noblesse.

Voici le premier et le second paragraphe qui sont communs à la Lustration (An Liuthail) et aux invocations pour la Justice ou la Victoire (de 20 à 23) :

"Ionnlaidh mi m’ aodann / Ta mi liuthail m’ aodainn,
’S na naodh gatha Greine / An caora caon na Greine,
Mar a dh’ ionnlaid Moire a Mac / Mar a liuthail Moire a Mac,
Am bainne brac breine."

Je lave mon visage / Je me baigne (lustre) le visage,
Dans les 9 rayons du Soleil / Dans les doux rayons du Soleil,
Comme Marie lavait/ baignait (lustrait) son Fils
Dans le riche lait fermenté.

"Meilc a bhi ’na m’ aodann / Mil a bhi ’na m’ bheul,
Ciall bhi ’na mo chainn,
Mire (Caora) meala ’na mo theanga,
M’ anail mar an tuis."

La douceur soit sur mon visage / Le miel soit dans ma bouche,
La sagesse soit dans mon discours,
La cuillère à miel (baie miellée) soit sur ma langue,
Mon souffle comme l'encens.

Suite et fin des Invocations pour la Justice : Ora Ceartais (20, 21) paragraphes 3 et 4

"Is dubh am bail (an taigh) ud thall,
Is dubh daoine th’ ann;
Is mis an eala bhan,
Banruinn os an ceann."

Noire est la ville (maison) là-bas,
Noirs ils sont là-bas,
Je suis le cygne blanc,
Qui doit régner sur eux.

"Falbhaidh mi an ainme Dhe,
An riochd Feidh, an riochd Each,
An riochd Nathrach, an riochd Righ,
Is cathar mi na (Is treasa liom fin na le) gach neach."

J'irai au nom de Dieu,
Comme le Cerf, comme le Cheval,
Comme le Serpent, comme le Roi,
Je serai le plus victorieux (le plus fort).

Vers intéressants dans l'Invocation pour la Victoire : Ora Buaidh (22)

"Teanga Chalum-chille ’na mo cheann,
Agall Chalum-chille ’na mo chainn;"

La langue de Columba dans ma tête,
L'eloquence de Columba dans mon discours;

Dernier paragraphe de la Lustration : An Lithuail (23)

"Bas Bhride mu m’ mhuineal / Bith a bhith ’na m’ bheul,
Bas Mhuire mu m’ bhraghad / Ceil a bhith ’na m’ chainn,
Bas Mhicheil dha m’ liuthail / Blas na sile ’na mo bhile
Bas Chriosda dha m’ thearnadh / Gon an till mi nall."

La main de Brigid sur mon cou / Que ma bouche soit forte,
La main de Marie sur ma poitrine / Que mon discours ait du sens,
La main de Michel me lustre / Le goût du nectar soit sur mes lèvres,
La main du Christ me sauve / Jusqu'à ce que je revienne ici

NB: toutes ces Invocations (dont je ne reproduis pas l'intégralité ici) font quatre couplets de quatre vers.

Bonne fin de nuit !

Magnifique ! Merci à vous… il va sans dire que je suis preneur du reste de l’invocation  

le Carmina Gadelica est consultable sur ce lien:

http://www.sacred-texts.com/neu/celt/cg.htm

(je ne trouve pas de sites en français)

Pour alimenter encore ce sujet de la main mené de main de maître par Matolitus: quid du rapport de l'ogham avec la main et les doigts, et de son utilisation comme langage des signes? vu qu'il y a une abondante littérature en circulation sur les ogham, il devient difficile de s'en faire une idée claire!
Merci d'avance.

Bonjour,

Merci pour cette traduction cher Ballios du Carmina Gadelica,, c'est très beau...si vous avez d'autres traductions je suis preneur aussi  

Bonne journée