Pour faire court…
Sur la Table de bronze de Coligny, nous trouvons entre le 4ème jour de la première quinzaine et le 10ème jour de la seconde quinzaine quatre inscriptions, à savoir brigiomu le 4 du mois, deuor. iug. le 13 du mois, peti. ux. le 8 de l’atenouxtion du mois et (encore) peti. ux. le 10 de l’atenouxtion du mois.
Ces quatre fêtes du mið riuros, semblent s’articuler autour du solstice d’hiver et couvrent la période dite des Douze jours. Pour ce faire la notation peti. ux. I est amovible. C’est-à-dire qu’elle avance d’un mois au cours des années I et IV pour se positionner approximativement le jour de l’ascension du soleil, c’est-à-dire environ trois jours après le solstice d’hiver, soit aux alentours du 25 décembre (C’est la configuration pour cette année).
Partant de là, nous y avons vu les hypothétiques traces d’un « grand » rituel couvrant cette longue période de 21 jours et, de fait, nous a poussé à nous poser la question de savoir à quoi pouvait correspondre ces célébrations.
Ce point dans l’année – Solstice d’hiver, réveil du soleil – nous renvoie peut-être, à un acte cosmogonique.
Dans le Rig Veda le mythe cosmogonique prend la forme d’une histoire où l’on voit un champion, suscité par ses pairs, affronter un dragon qui tient prisonnières les Vaches primordiales et le Germe qu’elles portent en elles. Par sa victoire, le héros libère les Vaches qui permettent aux forces-de-vie de se manifester. Le Germe éclot, la lumière se diffuse, le monde s’organise, le temps s’inaugure, l’espace se déploie, les dieux commencent à jouer leur rôle ; chaque chose, chaque être, trouve sa place dans un univers parfaitement « ajusté ».
Voilà ce que décrivent, pour nous, ces sacrifices. Lors du premier sacrifice, deuor. iug. que nous avons rebaptisé Godia do Taranei (Prière à Taranis), qui ce déroule le 13 du mið riuros, le héros, Taranis, tue le dragon et ouvre la voie à la Mère. Dans le second, peti. ux., Nuxunna Runas (La Nuit du Mystère), le 8ème jour de l’atenouxtion du mið riuros, la nuit de la nouvelle lune, le Germe, dans un état virtuel n’est pas encore visible mais pressenti. Dans le troisième et dernier sacrifice, peti. ux, Genimalacta (La Grande Naissance), célébré le 10ème jour de l’atenouxtion du mið riuros, la Uinda Epona donne naissance à la lumière, au dieu-soleil qui, grandissant jour après jour, refoulera les ténèbres.
Mais avant de partir accomplir ces hauts faits dans le monde inférieur, dans le monde obscur où est retenue la Jument, le héros doit se munir du rameau d’or qui le protègera, durant ses pérégrinations, des maléfices du dragon. Le rameau d’or est à rapprocher du rameau vert, qui est un symbole universel de régénérescence et d’immortalité. Le rameau d’or est la branche de gui, dont les feuilles vert pâle se dorent à la saison nouvelle.
Virgile place un tel rameau dans les mains d’Enée, pour la descente aux Enfers.
« Un rameau, dont la souple baguette et les feuilles d’or, se cache dans un arbre touffu, consacré à la Junon infernale. Tout un bouquet de bois le protège, et l’obscur vallon l’enveloppe de son ombre. Mais il est impossible de pénétrer sous les profondeurs de la terre avant d’avoir détaché de l’arbre la branche aux feuilles d’or… Enée, guidé par deux colombes, se met à la recherche de l’arbre au rameau d’or dans les grands bois et soudain le découvre dans les gorges profondes » (Enéide)
Muni de ce précieux rameau, symbole de cette lumière, qui permet d’explorer les sombres cavernes des Enfers sans péril et sans y perdre son âme il pourra désormais aller combattre le dragon.
C’est le rite de la cueillette du gui qui se déroule le 4ème jour du mið riuros, le jour de brigiomu (Gelina Olloiaccom).
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