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 AOUm, le son primordial

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Auetos
Odacos Nemeton Rennina
Auetos


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MessageSujet: AOUm, le son primordial   AOUm, le son primordial EmptyDim 20 Fév 2022 - 16:50

AOUm, LE SON PRIMORDIAL

Nous nous souvenons que d’après la sapience druidique, c’est de la nuit, « nuxs », que provient cette existence ; Nuit originelle qui n’est pas le Néant mais le Chaos ténébreux, les Eaux inférieures, la Prakriti des Indous, le Wou-Ki du monde chinois ou encore le Tohu wa Bohu obscur de la Genèse : Matière Première préexistante de toute éternité, monde informel et non ordonné précédant toute formation, sorte de proto-matière, argile du potier n’attendant que l’esprit et la main de l’Artisan, pour prendre forme.

Ce Chaos est personnifié dans la tradition irlandaise, par la race des Uomorioi, créatures difformes, sombres et maléfiques, préexistantes à l’arrivée de la race des Dieux de Danunas ; divinités lumineuses et organisatrices du temps et de l’espace. Le nom des Uomorioi est ordinairement décomposé en Uo- « sous » et -morioi, dont le sens est à plusieurs sens, mais que l’on rattache à un radical indo-européen mar, radical entrant dans le germanique nacht-mar où il désigne « un démon incube, un esprit malfaisant qui tourmente les hommes pendant la nuit », en provient également le vieil islandais mara, le vieil anglais mare, aujourd’hui nightmare et notre français cauchemar. A ce radical appartient encore le suisse alémanique mor ou more signifiant « truie » et le bohémien mura « furie nocturne ». Ce terme, issu du vocabulaire religieux, serait commun aux Celtes, Germains et Slaves. Cependant cette interprétation, parfaitement soutenable, ne doit pas faire oublier ou exclure « l’interprétation » populaire donnée au nom des Uomorioi, compris comme (ceux qui résident) « sous la mer » uo-morioi, d’un radical mori précédé du préfixe uo- déjà entrevu. Le rapport existant entre les Uomorioi et les Eaux Inférieures, semble bien avoir été perçu dans les temps historiques où, le nom de cette race démoniaque, a été appliqué et parfois confondu – à juste raison – avec celui des envahisseurs et pirates Scandinaves venus de la mer pour ravager l’Irlande. Ainsi le Livre des Invasions fait venir les Uomorioi et leur chef, Cicolluis Crouceano-Coxsos, c’est-à-dire « Bien-en-Chair au-Pied-Tors », de l’Océan. « Fomōre idon loinsig na fairgge… Is inti bōi mor-longas na Fomōre ». Ce mode d’interprétation symbolique du langage, procédé courant de l’étymologie populaire chez les Celtes, est connu en sanskrit sous le terme de « nirukta » ; il permet souvent, sous des rapprochements philologiquement distincts, d’éclairer ou de préciser des notions métaphysiques qui n’apparaissent pas toujours dans la simple explication linguistique. De la sorte, cette interprétation conduit à considérer l’Océan des Uomorioi comme un symbole des Eaux Inférieures, monde abyssal et de l’informel. Image du sous-conscient d’où surgissent les formes cauchemardesques et monstrueuses qui s’opposeront dans le monde mythique irlandais, à la mise en ordre du monde, mais contribueront cependant, en tant que réserve de forces, à son installation.

Toujours selon les sources galloises et irlandaises, le Son aurait joué, dans l’émergence de la vie et l’organisation du Monde, un rôle d’intervenant privilégié. C’est à partir du Tourbillon initial, en celtique : *Uart- ou *Uert- et par son action au sein des Eaux inférieures, qu’aurait été produit le Son et son corollaire, le Verbe ou Parole primitive. Gutus, source de l’action créatrice et énergie de toute existence.

La tradition bardique et le texte curieux qui s’en réclame, émanant des « Cyfrinach Beirdd Ynys Prydain », Arcanes des Bardes de l’Île de Bretagne plus connues sous le titre de Trioedd Barddas qui furent publiées pour la première fois en 1794, par Edward Williams autrement appelé Iolo Morganwg, rapporte que l’émission de cette Parole s’exprima simultanément avec la lumière et toute forme d’existence. Cette Parole, « prononcée d’une voix basse, douce et mélodieuse », fut, dit le Barddas, appréhendé par Neitos l’Ancien (« Enthousiaste »), fils de Treigarmena (« Trois-cris »), sous la forme de trois colonnes lumineuses dans lesquelles étaient incluses les trois voyelles primitives : O.I.W., qui serviront à désigner la Divinité Suprême. « Principe du premier alphabet et de toutes sciences ». Compte tenu de l’évolution phonétique intrinsèque à tout langage, ce nom apparaît comme une notation galloise relativement moderne. Selon le Strutios Druuis Uissurix, ces trois voyelles primitives pourraient être : A.I.U. considérant que le O gallois était la forme gutturalisée de l’ancien A celtique et que le W gallois, tantôt voyelle tantôt consonne, correspondait au U latin et gaulois et au OU français.

Parce que j’entrevois une analogie avec le son sacré de nos frères Indiens : OM et que les trois premières voyelles de l’alphabet oghamique m’y invitent, j’estime pour ma part que le Son Primordial est formé de ces trois voyelle, à savoir : A.O.U. auxquelles s’accroche la nasal « m » donnant le même son, légèrement plus long, que le OM indien.

Le monosyllabe OM est le symbole le plus chargé de sens de la tradition hindoue. Il est le son primordial inaudible, le son créateur à partir duquel se développe la manifestation, l’image donc du Verbe. Il est l’Impérissable, l’Inépuisable ; il est l’essence même de la science traditionnelle.

Notre son « OM » est composé en trois lettres : A, O, U, suivis de la nasal « m ». « A » est le son fondamental, la clé, qui se prononce sans contact avec aucune partie de la langue et du palais. C’est le son le moins différencié de tous. Le son de la lettre A part du fond de la cavité buccale, il est guttural. « O » se souffle depuis la base même de la plaque de résonance de la bouche jusqu’à son extrémité. Il représente exactement le mouvement en avant de la force, qui débute à la racine de la langue et vient finir sur les lèvres. « U » (prononcé ou) et là pour faire résonner le son précédent pour lui donner plus d’ampleur. « M » correspond au dernier son de la série labiale, car on le produit avec les lèvres closes. Prononcé correctement, AOUm représente tout le phénomène de la production du son. Il est donc le symbole naturel de tous les sons diversifiés ; il condense toute la série possible de tous les mots que l’on peut imaginer. La meilleure expression du son, la meilleure expression du souffle, AOUm est la meilleure manifestation du divin. Traversant tous les mots, tous les êtres, il se déploie dans un mouvement créateur perpétuel, universel, illimité. Il est la traduction la plus subtile de l’Univers manifesté.

Cette révélation du nom divin, autrement dit, la perception sensible du Son Primordial producteur de l’Univers, relève sans aucun doute du plus étonnant et du plus puissant des mystères. La connaissance, la transmission d’une telle révélation, remonte indubitablement à des civilisations archaïques bien antérieures à celle de l’écriture. Le contrôle d’une telle connaissance, comme maîtrise prodigieuse qu’enferme la Parole, demeurera durant des siècles l’apanage exclusif du porteur de sacré, le prêtre ou le « sorcier », celui qui parle « la langue des dieux » à travers les formules liturgiques ou l’incantation magique. Ce langage, qui n’est jamais la langue profane, apparaît comme constitué de syllabes sonores distinctes ou combinées, souvent dénuées de sens apparent, n’offrant rien de commun avec l’autre mode de langage, fait de mots usuels, soumis aux lois naturelles de la phonétique et de la grammaire. Son aspect le rapproche plus sûrement du cri ou de la modulation sonore, dont l’intonation, par les vibrations engendrées, offre plus d’importance que le mot lui-même. Prononcées correctement, selon des timbres, des rythmes, des accents et des modes de récitation adéquats, ces syllabes censées représenter les germes de l’Énergie première, produisent des vibrations harmonieuses ou dissonantes, dont l’action pas « sympathie » condense ou disperse, modèle ou détruit les énergies peuplant l’espace et le temps autour de l’adepte, et dont il peut se rendre maître.

Cette antique conception du Verbe et ses pouvoirs prodigieux, apparaissent comme des éléments centraux et fondamentaux dans l’activité religieuse et magique des Celtes.

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