La liste des conquêtes qui ouvre cette narration est traditionnelle et elle est présentée dans l’ordre invariable de tous les compilateurs ou commentateurs du corpus mythologique :
- Nemetos
- Uiroi Bolgons
- Toutai Deuas Danunas
- Mapoi Mileti
Toute cette chronologie mythique est postdiluvienne et le nom de Banba (ou Casara) intervient pour justifier l’occupation de l’Erilanda avant le déluge. Les noms de Banba et de Casara ne sont que des dénominations de l’Erilanda parmi beaucoup d’autres. L’intéressant dans ce passage est en fait que le premier occupant de l’île est une femme. Et en dépit du déluge ou de la peste il n’est dit nulle part qu’elle meurt ; elle reparaît dans le récit de la cinquième conquête comme une reine des Toutai Deuas Danunas, preuve de la continuité de sa présence et de son identification avec la terre d’Erilanda. Elle incarne déjà l’éternelle souveraineté, ce qui la dispense d’avoir à justifier son existence ou sa survie.
La première de ces conquêtes de l’Erilanda est originale, précisément parce qu’elle est la première, hors classification : Banba / Casara ne laisse pas de trace matérielle de son occupation, hormis sa propre existence.
Partollunos, peut être considéré comme un homme primordial. Il est le premier homme, le premier participant de la création de l’Erilanda. Il défriche des forêts, fait surgir des lacs et des rivières, fait pousser la végétation, construit le premier une maison et livre le premier combat.
Les autres conquêtes vont se ressembler toutes, preuve évidente, s’il était besoin de preuve, de leur absence d’historicité :
- errances
- débarquement
- lutte contre l’occupant précédent
- installation, peuplement
- disparition par maladie ou par massacre devant le conquérant suivant
La bataille contre les Uomorioi est une constante de toutes les invasions. Mais les Uomorioi échappent à la norme des vainqueurs et des vaincus. C’est une tache toujours recommencée que de les vaincre et de les soumettre. Démons noirs maîtres de la terre et oppresseurs difformes, génies du mal et de l’obscurité souterraine, ils n’ont jamais eu besoin d’arriver en Erilanda : ils y ont toujours habité et ils font partie intégrante de son sol et de ses eaux.
Comment pouvons-nous interpréter cette narration ?
Ne pouvons-nous pas y voir les quatre âges du monde ; Or (Nemetos), Argent (Uiroi Bolgons), Bronze (Toutai Deuas Danunas) et Fer (Mapoi Mileti) ?
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