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 Druides et Pythagorisme

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Durnacos




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MessageSujet: Re: Druides et Pythagorisme   Druides et Pythagorisme - Page 2 EmptyMar 28 Mar 2006 - 12:04

Voilà un témoignage antique sur "l'héritage" Pythagoricien transféré aux druides Celtes par l'intermédiaire d'un esclave :

De Hippolyte (Saint Hippolyte de Rome, Hippolytus Romanus), prêtre, pape schimastique, exégète, théologien, polémiste et chronographe de langue grecque, né dans l'Orient héllénisé vers 175 de notre ère, mort après 235.

Dans Réfutations de toutes les hérésies (Wendland) :

I, 2, 17 : "Zalmoxis, esclave de Pythagore, a, dit-on, enseigné la philosophie pythagoricienne aux druides des Celtes"

I, 25, 1-2 : "Le Thrace Zalmoxis, esclave de Pythagore, est devenu après la mort de son maître, pour les druides des Celtes, qui connaissent à fond la philosophie pythagoricienne, le fondateur de cette doctrine, après s'être rendu là. Les druides sont prophètes et pratiquent la divination par les chiffres et les nombres à la façon pythagoricienne, ainsi que d'aures rites magiques".

Il semble que Zalmoxis, le Thrace, avait suivi Pythagore à Samos ; le "là" du texte précédent fait certainement allusion à son retour en Thrace et le les druides des Celtes seraient les Celtes du Danube. Ce qu'Hippolyte dit des druides a cependant, très certainement, une valeur générale.
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Odacos Nemeton Rennina
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MessageSujet: Re: Druides et Pythagorisme   Druides et Pythagorisme - Page 2 EmptyDim 29 Oct 2006 - 9:16

Les Pythagoriciens croyaient à la métempsycose (ou transmigration des âmes). Ils pensaient que des exercices de purification étaient nécessaires pour délivre l'homme de cette « roue des naissances » ; le meilleur de tous ces exercices, ajoutaient-ils, consistait cependant à cultiver les connaissances, et plus spécialement à étudier les propriétés des nombres, selon ce slogan pythagoricien qui affirmait : « tout est nombre ». Le nombre était pour eux moins une entité abstraite que le principe même des choses, de la même façon que pouvaient l'être, par exemple, les éléments (eau, air, feu, terre...) pour d'autre Présocratiques.

On comprend dès lors que le pythagorisme ait produit quelques uns des premiers résultats des mathématiques, mais aussi de l'astronomie occidentales

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MessageSujet: Re: Druides et Pythagorisme   Druides et Pythagorisme - Page 2 EmptyDim 29 Oct 2006 - 9:18

L'astronomie pythagoricienne

Ils expliquaient que la Terre et le Soleil sont sphériques, que les planètes et les comètes tournent autour du Soleil, que la Lune est un corps semblable à la Terre, que les étoiles sont des soleils qui éclairent des astres habités.

Les pythagoriciens crurent retrouver le canon musical dans l'harmonie des sphères célestes. Les sept astres errants (autrement dit les planètes), la Lune, Mercure, Vénus, le Soleil, Mars, Jupiter et Saturne, devaient correspondre aux sept sons de l'octave, et leurs distances ou intervalles devaient offrir les mêmes rapports. Kepler lui-même fut tellement séduit par l'idée pythagoricienne, qu'il passa plusieurs années à la retourner en tous sens, avant d'arriver à la découverte ses fameuses lois (lois de Kepler) qui décrivent la course des planètes sur leur orbite.

S'appuyant sur son canon musical, les pythagoriciens donnaient à la distance de la Terre à la Lune 126 000 stades ; les 5/2 de cette valeur, ou 315 000 stades, il les assignait à la distance de la Lune au Soleil ; le triple, ou 378 000 stades, à la distance du Soleil aux étoiles fixes. Total : 819 000 stades pour tout l'espace compris entre la Terre et le ciel des fixes. Dans cette hypothèse, la distance de la Terre à la Lune représentait l'intervalle d'un ton entier, tandis que les distances de la Lune à Mercure et de Mercure à Vénus exprimaient chacune un demi-ton ou 63 000 stades; l'intervalle entre Vénus et le Soleil était celui d'un ton et demi, ou de 189 000 stades; la distance du Soleil à mars était, comme celle de la Terre à la Lune, d'un ton; de Mars à Jupiter, comme de Jupiter à Saturne, il n'y avait qu'un demi-ton; enfin de Saturne au ciel des fixes (Signiferum), il n'y avait qu'un ton et demi.

En jetant un coup d'œil sur cette table des distances, on remarque avec étonnement que le Soleil s'y trouve placé au milieu des planètes, y compris la Terre et la Lune. C'est sans doute de ce fait-là qu'on est parti pour prêter à Pythagore une idée qu'il ne nous paraît jamais avoir eue lui-même, à savoir que toutes les planètes tournent autour du Soleil.
On s'est beaucoup moqué de Pythagore, de son diapason universel, et de son harmonie des astres. Pline lui-même le raille d'avoir rapporté le mouvement de chaque planète à un mode ou un ton spécial, par exemple, Saturne au mode dorien, Jupiter au mode phrygien. Mais tout ridicule disparaît quand on considère les détails d'une doctrine dans leur ensemble.

Partant du principe que tout se fait régulièrement avec nombre, poids et mesure, Pythagore et ses disciples admettaient que le Soleil, la Lune, les planètes se meuvent circulairement et uniformément, en sens contraire du mouvement général diurne du ciel, c'est-à-dire qu'elles se meuvent de l'occident à l'orient.

Mais comment expliquaient-ils alors les irrégularités que ces astres présentent à l'observation? Car, après avoir divisé le zodiaque en quatre quarts (quatre quarts de cercle) correspondant aux quatre saisons (le nombre quatre revient sans cesse dans la doctrine du maître), les Pythagoriciens devaient, comme d'autres, savoir que le Soleil, dans son mouvement propre annuel, parcourt des arcs de cercle égaux dans des temps inégaux. Ils avaient, en effet, noté avec beaucoup de soin que le Soleil met 90 jours et un huitième (3 heures) pour aller du solstice d'hiver à l'équinoxe du printemps, c'est-à-dire pour décrire le premier quart de cercle ; qu'il met 94 jours et 1/2 pour aller de l'équinoxe du printemps au solstice d'été, ou pour décrire le deuxième quart de cercle ; qu'il met 92 jours et 1/2 pour aller du solstice d'été à l'équinoxe d'automne, ou pour décrire le troisième quart de cercle ; enfin qu'il met 88 jours et 1/8 pour revenir de l'équinoxe d'automne au solstice d'hiver, ou pour décrire le quatrième quart de cercle : ce qui fait pour la totalité du parcours circulaire une durée de 365 jours et environ 1/4.

Les Pythagoriciens savaient encore que le mouvement inégal annuel du Soleil s'effectue, non seulement en sens contraire du mouvement général diurne de la sphère du monde, de la sphère droite des fixes, mais qu'il s'opère dans un plan incliné (sous un angle d'environ 23 degrés) sur l'équateur de cette sphère, autour duquel il forme comme une hélice; et que les plans des orbites de la Lune et des planètes approchent plus ou moins de cette inclinaison (elliptique), sans cependant coïncider avec elle. C'est là ce qui avait fait imaginer autant de sphères obliques qu'il y avait d'astres errants (sept), toutes contenues dans la sphère droite du monde.
Toutes ces sphères, au nombre de huit (une droite et sept obliques), le double du quaternaire ou de la tétrade, (le cube de deux ou de la dyade), que les Égyptiens supposaient solides, en cristal bleu, transparent, ajoutaient encore à la difficulté d'expliquer les inégalités des mouvements du Soleil et de la Lune, surtout les stations et les rétrogradations des planètes Jupiter et Saturne.

Pour résoudre ces difficultés, que firent les Pythagoriciens ?

Ils imaginèrent, au rapport de Géminus, que les centres des sphères obliques, susceptibles de se déplacer, ne coïncident pas avec le centre de la sphère du monde (sphère droite des fixes), mais qu'ils étaient situés un peu en dehors, tantôt plus près, tantôt plus loin de ce centre, enfin qu'à raison de leur excentricité, le Soleil, la Lune et les planètes se mouvaient, par suite d'un simple effet optique, plus vite quand ils se rapprochaient de la Terre, et plus lentement quand ils s'en éloignaient. Afin de mieux expliquer ces changements de distance, Pythagore inventa, dit-on, la fameuse théorie des cercles auxiliaires, nommés épicycles (littéralement des cercles posés sur des cercles), théorie qui fut plus tard adoptée et développée par Ptolémée.

Mais ce qui fait plus honneur au génie de Pythagore que l'invention des épicycles, c'est d'avoir, s'il faut en croire Pline, le premier trouvé que l'étoile du matin et l'étoile du soir sont un seul et même astre, Vénus.

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MessageSujet: Re: Druides et Pythagorisme   Druides et Pythagorisme - Page 2 EmptyDim 29 Oct 2006 - 9:21

Mouvement de rotation de la Terre.

L'école de Pythagore imagina la première d'expliquer le mouvement général diurne de la sphère céleste par le mouvement de la Terre autour d'elle-même. Cela résulte clairement de ces paroles d'Aristote ; « Les Pythagoriciens soutiennent que la Terre, étant un des astres (errants) produit, en tournant autour d'elle-même, la nuit et le jour. »

S'il restait encore quelque doute sur la réalité de cette antique conception, le passage suivant de Cicéron serait certainement propre à le dissiper : Hicétas de Syracuse (Pythagoricien) enseignait que le ciel, que les étoiles [etc.], demeurent immobiles, pendant que la Terre seule tourne ; celle-ci, en tournant avec rapidité autour de son axe, produit exactement le même effet que si, la Terre demeurant immobile, le ciel tournait.

Plutarque attribue la même idée à Héraclide de Pont et à Ecphante, également de l'école de Pythagore. « Heraclide de Pont et Ecphante font, dit-il, tourner la Terre non point par un mouvement de translation, mais par un mouvement de rotation d'occident en orient autour de son propre centre ».

Ce dernier passage est au moins aussi explicite que les autres. Il s'agit bien ici, à n'en pas douter, du mouvement de rotation de la Terre autour de son propre axe, et non pas du mouvement de translation de notre planète autour du Soleil. Cette distinction était importante à établir, ne fût-ce que pour prévenir les confusions, si faciles à introduire dans l'histoire des sciences.

Imago Mundi – L’Ecole Pythagoricienne. – Microsoft Internet Explorer
http://www.cosmovisions.com/Pythagorisme.htm

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MessageSujet: Druidisme et Pythagorisme   Druides et Pythagorisme - Page 2 EmptyLun 27 Nov 2006 - 17:50

Ce qui, dès l’Antiquité, a rendu légitime la comparaison entre druides et Pythagore, ce sont, à l’évidence, un certain nombre points communs sur les croyances métaphysiques, sur le mode de vie ou sur le rôle social.

Voici donc les principales convergences entre les deux doctrines.

La doctrine de la réincarnation

Celle en la réincarnation ou en la métempsycose occupe la première place. En effet, chez Pythagore et ses disciples, elle s’inscrit à l’intérieur d’un système philosophique complexe lié à la théorie des nombres. L’âme est immortelle parce qu’elle se meut elle-même. C’est ce mouvement perpétuel qui justifie la théorie de la métempsycose, un retour cyclique à la vie à travers différentes enveloppes corporelles. La croyance, partagée par les Orphiques, admise par Pythagore lui-même, avait en tout cas des vertus morales. Les Orphiques et Empédocle, en particulier, pensaient que l’âme pouvait un jour échapper au cycle des réincarnations. Pour cela il fallait qu’elle devienne pure, au cours d’une vie sans faute. Alors, comme le pensait Philolaos, l’âme allait vivre une « vie incorporelle dans le cosmos ». Une grande partie de l’enseignement de Pythagore portait, en effet, sur la purification, un ensemble de pratiques, souvent ascétiques, devant permettre à l’âme de devenir plus pure et plus proche des dieux. L’ensemble de ses croyances était donc marqué par deux considérations éthiques étroitement liées : l’âme peut devenir meilleure par une vie occupée à la recherche du bien, et le salut (la sortie du cycle des renaissances donnant droit à un séjour immortel) est promis à ceux dont l’âme sera devenue pure.
En Gaule, précisément, ces théories avaient atteint, grâce aux recherches et à l’enseignement des druides, un développement qui n’avait pas grand-chose à envier à ce que connut la Grèce. Nous savons, par le témoignage de Poseidonios, que pour les druides « les âmes ne périssent pas après la mort », et par celui de Diodore de Sicile que « les âmes sont indestructibles ». Autrement dit, elles étaient conçues comme immortelles. La croyance en la transmigration des âmes nous oblige à en déduire que, pour les druides, l’âme était également dotée d’une motricité propre, qu’elle était perfectible et susceptible d’atteindre un état de pureté qui pouvait lui permettre de quitter le cycle des réincarnations et de gagner un séjour paradisiaque auprès des dieux célestes.
Comme chez les Pythagoriciens, cette doctrine était dotée d’une formidable capacité à développer le sens éthique chez les fidèles. Les âmes vertueuses étaient, en effet, appelées à gagner le ciel et à rejoindre les divinités qui l’habitent. Grâce à Lucain, nous savons que c’est le sort qui était réservé aux guerriers héroïques : « les âmes vaillantes de ceux qui périrent à la guerre sont conduites à un séjour immortel ». Mais, certainement, le même destin était promis à ceux qui avaient une conduite irréprochable et honoraient les dieux, car le seul précepte druidique, à but purificatoire, qui soit conservé indique qu’ « il faut honorer les dieux, ne pas faire le mal, s’exercer à la bravoure ».

Fin du monde

Les druides liaient intimement immortalité de l’âme et fin du monde. Les deux conceptions, si l’on en croit Strabon, ne leur paraissaient pas incompatibles : « les âmes et l’univers sont indestructibles mais un jour le feu et l’eau prévaudront sur eux ». Cette échéance fatale était probablement, dans leur esprit, repoussé très loin dans le temps, au-delà même de ce qui est imaginable. Il est vraisemblable que cette destruction obéissait elle aussi à un mouvement cyclique, car il est remarquable que l’eau et le feu soient couramment considérés par les Présocratiques comme les éléments premiers de la matière. La naissance d’un nouveau monde, à partir de ces deux éléments, devait donc être envisagée. L’un des disciples les plus fidèles de Pythagore, Philolaos, imaginait la fin du monde de deux façons : « ou bien le feu tombe du ciel, ou bien l’eau tombe de la région lunaire, ce qui provoque un tourbillonnement de l’air. Ce sont d’ailleurs leurs exhalaisons qui alimentent le monde ».

Les deux écoles de pensée, Pythagorisme et druides, avaient donc développé, plus que sur tout autre objet, les recherches sur la nature profonde de l’univers, c’est-à-dire sur ses composants premiers.

Les dieux immortels

L’une des singularités de l’enseignement et de la vie même de Pythagore réside dans l’harmonie qu’il parvint à établir entre une sagesse où l’esprit scientifique est partout en germe et le respect pour les dieux ancestraux. De même, les druides, adoptèrent la même attitude face à leurs dieux. Ils auraient pu vouloir les réformer ou les remplacer par des divinités plus civilisées. Il n’en fut rien. Comme Pythagore, ils préconisèrent avant tout de les respecter.

Les nombres

Aux dieux imaginés comme des personnes, voire des hommes, les Pythagoriciens préfèrent les nombres, expression la plus pure du divin, à la fois vecteur de son message adressé aux hommes et explication de l’univers dans sa totalité. Bien que nous n’ayons pas de témoignage assuré de l’iconoclasme de Pythagore, il n’est pas interdit de penser qu’il ait lutté contre l’anthropomorphisme religieux, lui qui interdisait à ses disciples de porter des figures divines sur les anneaux qu’ils avaient au doigt. C’est un nouveau point très important sur lesquels les druides paraissent suivre les Pythagoriciens. Pendant tout le temps où leur pouvoir spirituel règne sur la Gaule, du V° au I° siècle av. è.v., les images divines qui avaient paru devoir s’épanouir avec la naissance de la sculpture hallstattienne sont absentes de tous les supports où elles auraient pu paraître, figuration statuaire, bijoux, monnaies, céramiques. Les seules représentations anthropomorphiques ou zoomorphiques que nous connaissons pour cette époque se dissimulent dans des décors abstraits d’où elles ne font signe que pour mieux nous indiquer où il faut chercher ce qu’elles évoquent, derrière la matière, dans un domaine qui n’est accessible qu’à l’esprit et où l’art est un bon guide.
Adeptes de Pythagore et druides durent alors aux yeux des autres hommes faire figure de censeurs rétrogrades et leur entreprise aurait été irrémédiablement vouée à l’échec s’ils n’avaient proposé, pour la remplacer, une autre forme de représentation, l’abstraction mathématique.
L’utilisation des nombres fut aussi étendue aux domaines les plus divers, aux recherches les plus conjecturales ainsi que, rapidement, aux activités les plus matérielles, telles que le commerce et la politique. La religion qui a pourtant besoin d’une matérialisation assez primaire quand elle s’adresse aux plus incultes n’échappa pas non plus à l’emprise des nombres. Druides et Pythagoriciens les utilisèrent pareillement dans la divination, pratique religieuse la plus productrice de pouvoir, un pouvoir qui désormais n’appartiendrait plus qu’à des savants.

Vie en société

Ammien Marcellin, compilateur de Timagène, est, dans l’Antiquité, l’un des auteurs qui ont le plus accrédité la parenté des druides et de Pythagore : « les druides, supérieurs sur le plan de l’intelligence et, comme le veut le doctrine de Pythagore, étroitement liés en confréries communautaires, se sont élevés par leurs recherches dans les domaines les plus obscurs et les plus profonds et, dédaignant la réalité humaine, ils proclamaient que les âmes sont immortelles ».
La comparaison avec Pythagore, pour des raisons qui restent mystérieuses, est passée totalement inaperçue ; en revanche, les druides ont été comparés à des moines vivant à l’écart de la communauté humaine.
Cette interprétation du mode de vie des druides en termes monacaux témoigne cependant d’une double ignorance. C’est tout d’abord celle des textes majeurs sur les druides, notamment celui de Cicéron donnant son identité au seul druide connu par l’histoire, Diuiciacos, sénateur et homme politique. Ce texte, comme ceux de César et de Strabon, précise le rôle des druides dans le fonctionnement de la justice, de l’éducation et dans la législation, permet d’écarter la représentation de druides coupés du monde et seulement occupés à leurs recherches. L’autre ignorance concerne le mode de vie de Pythagore et de ses disciples. Comme les druides, ils éprouvaient le plus grand intérêt pour la vie sociale et politique et cherchaient à en améliorer les institutions.
La vie communautaire qu’ils pratiquaient ne concernait donc, selon toute vraisemblance, que les cycles d’enseignement.

L’insertion des membres des deux institutions dans la vie séculière les obligeait à se distinguer du commun des mortels. Leur apparence physique et vestimentaire y contribuait. Ils soignaient leur corps afin qu’il restât pur et sobre. Druides et Pythagoriciens étaient vêtus de vêtements blancs et immaculés. L’effet sur la population devait être considérable.

La prédilection pour l’or était également partagée par les deux groupes. Ce métal était censé être pur, permettant le contact avec les choses divines, et avoir des vertus purificatrices.

La cohabitation avec les non-initiés nécessitait une protection du savoir, au prix des plus grands efforts. Le secret sur les croyances et le contenu des réunions était la règle de base dans les deux écoles de pensée, avec les conséquences que l’on imagine. L’enseignement se faisait dans des lieux interdits aux autres hommes et après une série d’épreuves permettant de sonder les convictions des nouveaux venus.

L’écriture était prohibée, de façon à ce qu’aucun écrit ne tombât aux mains d’un profane. On s’en remettait entièrement à la mémoire, qui ne laisse de trace que dans les esprits.

Enfin, les conversations entre adeptes en milieu ouvert (dans les assemblées, dans la rue) étaient codées : druides et Pythagoriciens parlaient par énigmes.

Politique

L’aspect probablement le plus remarquable du druidisme, qui le distingue des religions antiques, est l’engagement de ses représentants dans la vie sociale et politique.
En Grèce et à Rome, l’exercice du pouvoir est nettement séparé de la pratique religieuse. Les deux activités demeurent autonomes. Les druides, au contraire, ne se situent ni dans un camp ni dans l’autre, mais au dessus d’eux. Ils valident les cérémonies religieuses et en réglementent l’accès aux citoyens, ont le monopole de l’éducation de ceux qui sont appelés à obtenir le pouvoir politique, disent le droit, là où la justice habituelle est défaillante et valident l’obtention des magistratures suprêmes.
Leur domaine de prédilection en politique paraît être la réflexion sur les constitutions et les rapports entre les différents Etats gaulois. Les assises annuelles au pays des Carnutes ont pour but politique principal l’examen des questions internationales. Cette position particulière des druides est très exactement celle qu’occupent les Pythagoriciens en Grande-grèce : leur sagesse les situe à mi-chemin entre religion et politique, il serait plus juste de dire qu’elle les place, comme les druides, au dessus de ces deux pratiquent sociales.

Face à ces convergences, y a-t-il entre les deux corps de doctrine des différences fondamentales ?

Les différences culturelles sont importantes. Les Pythagoriciens, dont nombre d’entre eux, issus de Ionie, s’étaient installés dans l’extrême sud de la péninsule italique, demeurent des Grecs. Les druides, eux, sont avant tout des Celtes. Les uns et les autres montrent cependant une attirance étonnante pour les cultures étrangères, accueillent les dieux de leur voisins, adoptent des croyances qui paraissent très éloignées de celles de leurs congénères.

La seule opposition marquante s’exprime sur les plans sacrificiel et alimentaire. Pythagore professait l’interdiction de la consommation de nourritures animales, et préconisait de ne pas sacrifier d’animaux aux dieux, tout au moins de ne pas tuer les animaux dotés d’une âme pour la raison évidente que cette dernière pourrait auparavant avoir appartenu à un homme ou serait susceptible de redevenir humaine.
Il ne semble pas que les druides aient diffusé de telles idées. Pour eux, les âmes, une fois parvenues dans un corps humain ne pouvaient qu’investir un autre corps humain et non pas redescendre dans le règne animal. Cette façon de penser permettait le sacrifice d’animaux et la consommation de ceux-ci.

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MessageSujet: Re: Druides et Pythagorisme   Druides et Pythagorisme - Page 2 EmptyVen 1 Déc 2006 - 13:48

Les Celtes, Gaulois d’Occident ou Galates d’Orient, n’étaient pour les Grecs (et les Romains) que des peuples belliqueux et inconstants, aimant le vin jusqu’à la folie et méprisant la mort et les lois les plus élémentaires de la cité. La liste de leurs exactions et sacrilèges faisait d’eux l’exemple même du « barbaros », méconnaissant la langue grecque et de plus, éloigné de toute notion de citoyenneté.
Paradoxalement pourtant, dès que la notoriété des druides parvint jusqu’aux lettrés alexandrins, ces derniers n’hésitèrent pas à ranger ces lointains sages gaulois aux côtés des savants astrologues et mathématiciens babyloniens, des vénérables « sahdus » de l’Inde védique et des experts en rituels perses, tous initiateurs de la philosophie grecque.

Dans cette énumération qui mêle barbares et urbains, le dénominateur commun était certainement le célèbre Pythagore, grand visiteur des mondes lointains, de l’Egypte à l’Inde. Dès le I° s. av. J.C., les érudits grecs établirent un parallèle entre le pythagorisme et le druidisme, cherchant à établir laquelle des deux doctrines était la plus ancienne.
A priori, les « convergences » ne manquaient pas : longueur et caractère secret des enseignements, port de vêtements blancs, vie communautaire, intérêt pour l’astronomie et pour les nombres … mais le lien le plus évident était la croyance partagée en la réincarnation des âmes, ce que les Grecs nommaient métempsycose.

Certains voulurent voir une influence druidique dans le pythagorisme, scénario difficilement crédible si l’on considère qu’au VI° s. av. J.C., n’existaient que des rois-prêtres – tel le prince de Hochdorf – et non des druides. En revanche, une influence inverse n’est pas impossible. En effet, si l’on en croit le pape Hippolyte (III° s. ap. J.C.), la doctrine pythagoricienne aurait été transmise à des druides par Zalmoxis, un esclave thrace du sage de Crotone. On préférera l’idée selon laquelle des contacts auraient eu lieu en Grande-Grèce, là où le mercenariat amena des Gaulois à fréquenter, dès le IV° s. av. J.C., des Lucaniens et autres Italiques établis dans la patrie du pythagorisme. A cet égard, l’existence en Gaule du Nord de monnayages gaulois copiés sur ceux des cités « pythagoriciennes », Tarente en particulier, pourrait accréditer cette hypothèse. Mais plus simplement encore, les druides, indépendamment du pythagorisme, furent peut-être les créateurs de leur propre doctrine, cherchant à convaincre « que les âmes sont éternelles et qu’il y a une autre vie chez les morts ».
Plusieurs éléments épars de ce dogme druidique subsistent. Il s’y mêle une conception sur l’origine de l’Homme – né, d’une manière original, d’un dieu inconnu issu du monde souterrain –, une vision eschatologique de l’univers et des bribes d’une morale que n’aurait pas reniée Pythagore lui-même.
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Eb.


Dernière édition par le Dim 11 Fév 2007 - 18:01, édité 1 fois
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Fergus

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MessageSujet: Re: Druides et Pythagorisme   Druides et Pythagorisme - Page 2 EmptySam 10 Fév 2007 - 18:58

Citation :
Certains voulurent voir une influence druidique dan le pythagorisme, scénario difficilement crédible si l’on considère qu’au I° s. av. J.C., n’existaient que des rois-prêtres – tel le prince de Hochdorf – et non des druides.

La tombe de Hochdorf date du VI° siècle avant J.-C., et non du I° siècle. C'est comme si tu confondais les Guerres de Religion (XVI° siècle) et la Guerre d'Irak (XXI° siècle). Admettons qu'il s'agit d'une erreur de frappe...
En tout cas, au I° siècle avant J.-C., il y avait bien évidemment des druides, puisqu'ils apparaissent dans la guerre des Gaules.

Mais Guyonvarc'h a bien montré que la classe des druides s'inscrit dans le cadre d'une société indo-européenne, structurellement tripartie, et qui remonte à la plus haute antiquité. Que cette classe ne se soit pas toujours appelée "druide", c'est possible, mais elle a existé depuis des siècles, et des millénaires, puisqu'on la retrouve sous une forme ou sous une autre dans toutes les sociétés indo-européennes, ou presque.

Bien sûr, les historiens grecs et latins n'en parlent pas avant une certaine époque, c'est-à-dire avant d'en avoir entendu parler. Mais l'absence de preuve n'est pas la preuve d'absence...

En réalité, les doctrines pythagoricienne et druidique ont semblé si proches aux anciens Grecs, qu'il leur a fallu l'expliquer par une filiation entre les deux, mais l'ancienneté des conceptions communes indiquerait plutôt une origine commune... indo-européenne, justement.
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Dubicattos

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MessageSujet: Re: Druides et Pythagorisme   Druides et Pythagorisme - Page 2 EmptyDim 11 Fév 2007 - 18:03

Et personne n’avait relevé jusqu’ici ? … Merci Fergus. Je rectifie.
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MessageSujet: Re: Druides et Pythagorisme   Druides et Pythagorisme - Page 2 Empty

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