Que pense un druide du texte de ce Romain ? Voltaire, qui ne le connaissait pas, l'aurait approuvé, mais que diront nos druides ?
L'extrait que je donne poste la question de la place de l'homme dans la création, centrale ou pas (et au passage égratigne quelques naïvetés judéo-chrétiennes)
Celsius Αληθής λόγος κατά χριστιάνους (été 187)
« Y a-t-il rien de plus plaisant que les conceptions anthropomorphiques des Juifs et des Chrétiens qui attribuent à Dieu les sentiments et le langage plein d'invectives d'un homme irascible, y a-t-il rien de plus ridicule que de voir effectivement un homme irrité contre les Juifs les exterminer tous, grands et petits, brûler leurs villes, les réduire à rien alors que tout l'effet de l'ire et des menaces du grand Dieu, comme ils disent, consiste à envoyer son Fils dans le monde pour qu'il y subisse le traitement que l'on sait.
Il est puéril de faire de l'homme le centre de la création.
Si l'on allègue ce vers d'Euripide : « Le Soleil et la Nuit sont au service de l'homme » je demanderai pourquoi ils sont faits plutôt pour nous que pour les fourmis et les mouches ? La nuit ne leur sert-elle pas, comme à nous, pour se reposer, la lumière du jour pour voir clair et travailler ?
Si l'on m'objecte que nous sommes les rois des animaux parce que nous les prenons à la chasse et les mangeons, on peut tout aussi bien soutenir que c'est nous, plutôt qui leur sommes destinés puisqu'ils nous prennent aussi et nous dévorent ? Et encore, pour les prendre, avons-nous besoin de tout un appareil de rets, d'armes, de piqueurs et de chiens, tandis que les bêtes fauves, pour venir à bout des hommes, ont assez des seules armes dont la nature les a munies.
Vainement dira-t-on que les hommes l'emportent sur les animaux en ce qu'ils construisent des villes, organisent des états, ont des magistrats et des chefs pour les gouverner. On en voit tout autant chez les fourmis et les abeilles. Les abeilles ont leur roi auquel elles obéissent et qu'elles suivent. Elles ont comme nous des guerres, des exterminations de vaincus, comme nous des villes et des bourgades ; comme nous des ch^timents pour la paresse et la perversité : elles chassent et tuent les frelons. Les fourmis ne le cèdent pas à nous en matière de prévoyance et d'entraide. Elles assistent leurs compagnes lorsque elles sont fatiguées ; elles transportent les mourantes en un lieu réservé qui est comme leur tombeau de famille. Quand elles se rencontrent, elles s'entretiennent ensemble et ainsi les égarées sont remises dans le bon chemin. Elles ont donc en quelque sorte la plénitude de la raison, certaines notions générales du sens commun et un langage pour se communiquer tout ce qu'elles veulent. Pour qui regarderait du haut du ciel, quelle différence offriraient les actions des fourmis, des abeilles et les nôtres ? »