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 LA GRANDE PRETRESSE

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Matolitus
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Matolitus


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MessageSujet: LA GRANDE PRETRESSE   LA GRANDE PRETRESSE EmptyJeu 3 Oct 2013 - 13:37

LA GRANDE PRETRESSE

« O Mère Divine, Toi dans la forme d’énergie créatrice, je me prosterne devant Toi ! »
Vedanta, 4-5, 5-26


La fontaine

LA GRANDE PRETRESSE La_fon10

« Le soleil couchant disparaissait derrière les nuages, et pourtant une lumière dorée persistait sous les arbres, illuminant chaque feuille d’une lueur irréelle. Deux jeunes filles marchaient le long d’un chemin forestier et leurs cheveux, sous les branchages, se teintaient d’une même couleur. La forêt dense et sombre qui s’étendait sur cette partie du centre de l’Armorique les enveloppait dans un clair-obscur doux et calme, et la fraîche caresse de minuscules gouttelettes d’eau s’écoulant des rameaux mouillés parsemait leurs visages de multiples bénédictions.
Elana aspira profondément l’air humide, lourd de toutes les senteurs, aussi enivrantes que l’odeur des résines au sortir de la salle enfumée de la maison familiale. Ayant su par ouï-dire qu’on utilisait des plantes sacrées dans le Sanctuaire des lieux pour purifier l’air, instinctivement, elle se redressa, cherchant à ressembler aux prêtresses qui y vivaient, à marcher comme elles, avec autant de grâce, à épouse le rythme de leurs corps à la fois étrange et naturel, comme si, de tout temps, elle avait su le faire.
Venant d’atteindre l’âge de la puberté, on l’avait autorisée à porter les offrandes de printemps. « Comme l’eau sacrée des premiers beaux jours rend sa fertilité à la terre, te voilà devenu femme » lui avait dit sa mère.
La nuit passée, Elana avait longuement contemplé l’astre nocturne, éprouvant un sentiment d’attente indéfinissable, sachant que dans le Sanctuaire, les rites de la saison nouvelle faisaient appel à la Déesse afin qu’Elle apparaisse au soir de la pleine lune. Et si, s’était-elle demandée, la prêtresse de l’Oracle me désignait pour servir la Déesse aux fêtes des Belotennia ? imaginant déjà la longue traîne d’une robe de pure laine blanche glissant sur l’herbe derrière elle, un voile mystérieux dissimulant ses traits.
- Eh bien, Elana ! questionna soudain la jeune fille qui la précédait, que fais-tu ? Pourquoi marches-tu si lentement ? Il fera nuit avant notre retour si nous ne nous pressons pas !
La voix de Dedmia sa compagne, fit sursauter Elana. Elle trébucha sur une racine d’arbre et manqua de laisser tomber son panier d’osier. Rougissante, elle retrouva l’équilibre et activa le pas. Déjà lui parvenait le doux murmure de la source qui apparut peu après, jaillissant d’une crevasse. Un petit agencement de pierres maçonnées permettait qu’on y dépose des offrandes, et le coudrier, certes encore jeune, voulait bien qu’on lui attache des rubans votifs.
Les jeunes filles s’installèrent près du bassin et étendirent sur le sol un linge où elles disposèrent leurs offrandes, de délicieux gâteaux au miel, un flacon d’hydromel et quelques pièces de cuivre. Ce n’était bien sûr qu’une petite fontaine, résidence d’une déesse modeste, et non l’un de ces grands lacs sacrés où des armées entières venaient offrir en sacrifice leur butin. Ici, depuis de nombreuses années, les femmes de la famille apportaient simplement des dons chaque mois, après leurs cycles périodiques, afin de renouveler le lien les unissant à la Déesse Mère. Frissonnant un peu dans l’air frais du soir, elles ôtèrent leur robe et se penchèrent au-dessus du bassin.
-Source sacrée, corps de la Déesse, berceau de toute vie, donne-nous le pouvoir d’en faire éclore une nouvelle…
Elana prit un peu d’eau dans ses mains et la laissa couler sur son ventre et entre ses cuisses. -Source sacrée, murmura-t-elle, lait de la Déesse, toi qui nourris le monde, donne-moi le pouvoir de nourrir ceux que j’aime. »
«Source sacrée, poursuivit-elle, ses jeunes seins frémissant sous la caresse de l’eau, esprit de la Déesse jaillissant depuis toujours des profondeurs de la terre, donne-moi le pouvoir de faire renaître le monde...
Comme elle fixait intensément l’eau, Elana vit alors son reflet pâle se dessiner sur la surface apaisée de la fontaine, puis se transformer peu à peu en celui d’une vieille femme à la peau grise, aux cheveux rougeoyants parsemés d’étincelles, mais qui gardait curieusement ses yeux à elle.
Elana…
Entendant la voix de Dedmia, la jeune fille cligna des yeux et le visage qui la regardait redevint tout à coup le sien. Un souffle de vent la fit frissonner. Elle remit précipitamment sa robe, imitée par Dedmia qui saisit le panier à gâteaux et s’adressa à son tour à la fontaine :
Dame de la Source Sacrée,
Prends ces offrandes que je t’ai apportées ;
Je prie pour l’amour, la chance et la vie !
Déesse, accepte, je t’en prie, mes présents aujourd’hui.
« Si nous nous trouvions dans le Sanctuaire, songea Elana, cette prière serait accompagnée par un cœur de prêtresses. » Alors elle joignit  sa voix faible et un peu hésitante à celle de Dedmia, forte et tranquille :
Déesse, bénissez maintenant champs et forêts.
Qu’ils daignent nous accorder leurs bienfaits
Et prodiguent aux humains et aux bêtes, force et vigueur.
Protège, ô Déesse, nos cœurs et nos corps !
Elana versa un peu d’hydromel sur la surface de l’eau tandis que Dedmia émiettait de son côté les gâteaux préparés à cette intention ; puis les 2 jeunes filles laissèrent tomber une à une les pièces de cuivre qui disparurent aussitôt.
Alors les rides de l’onde s’estompèrent et les 2 visages tout près l’un de l’autre et si semblable, apparurent distinctement. Craignant de voir à nouveau le visage de la vieille femme, Elana se raidit, mais fut bientôt rassurée. Cette fois, c’était bien les siens qui se reflétaient dans l’eau calme, ses yeux à elle qui brillaient comme les étoiles dans un ciel d’été.
« Dame, êtes-vous l’esprit de la fontaine ? chuchota-t-elle en elle-même. Que voulez-vous de moi ? Une vive lumière inonda son âme et sembla lui apporter une réponse et elle crut tout à fait entrevoir, dans un éblouissement, le visage rayonnant de la Mère Eternelle.
Elana, s’impatienta Diedma, qu’as-tu ? Pourquoi es-tu si bizarre aujourd’hui ?
Mais Dedmia ! Tu ne l’as donc pas vue ? Elle était là dans la fontaine !
Dedmia soupira avec agacement.
Décidément tu me fais penser à ces vieilles de Uernemeton qui, dit-on, racontent à tout le monde leurs visions !
Comment oses-tu parler ainsi, toi, la fille d’un Ollamos ! Ton imagination est celle d’une grenouille ! Tu devrais songer à devenir plus réfléchie ! »

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Matolitus
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MessageSujet: Re: LA GRANDE PRETRESSE   LA GRANDE PRETRESSE EmptyVen 4 Oct 2013 - 7:22

La Grande Prêtresse

Bâtie au centre du Sanctuaire, la demeure spacieuse et carrée de la Grande prêtresse, isolée des bâtiments des autres prêtresses et du temple, présentait une belle ornementation sur ses murs d’argile sous la forme d’entrelacs et de figures stylisées d’animaux et de végétaux. Pour y accéder, on devait suivre un sentier depuis le murus gallicus serpentant à travers un dédale d’arbres, de grandes pierres, de cours et de jardins, donnant l’impression d’être dans un autre monde.

Isaliaca, dont la vie austère avait affiné les traits et repoussé les rides, était encore très belle, douce et bienveillante. Elle n’en était pas moins une femme mûre avec ses cheveux blonds très longs grisonnant à peine, sa taille souple sous sa robe, ses épaules légèrement voûtées sous le poids de ses responsabilités.

Durant les jours qui précédèrent la célébration au cours de laquelle elle serait, une fois de plus, la Voix de la Déesse, Isaliaca se tint recluse, jeûnant et buvant seulement de l’eau claire d’une source. Une de ses prêtresses, Galba ne la quittait presque jamais durant ces moments privilégiés et indéfinissables de l’attente, appréciant dans son cœur l’isolement qu’imposait cette retraite.
- Il est l’heure de nos dévotions matinales, dit Isaliaca d’une voix sereine, se dirigeant vers la porte. La soutenant d’un bras, Galba l’aida à sortir et à gagner par les jardins, l’autel en bois poli et huilé. Parvenues devant lui, les deux femmes s’immobilisèrent. Galba étendit dessus une nappe en lin, Isaliaca alluma alors la flamme rituelle de la lampe à beurre et, le cœur apaisé, commença à répandre les pétales des fleurs qu’on avait apportées. Sur un plateau elle avait préparé les petits flacons d’hydromel et de bière, une coupelle de grains de blé et une tresse de sauge séchée.
- Voici que Tu arrives avec l’aube, parée de fleurs… murmura Isaliaca d’une voix douce, élevant les mains dans un geste de salutation.
- Ton éclat resplendit à la lumière ascendante du soleil, se mêle à lui et à sa force, répondit Galba
- Tu te lèves à l’Orient et apportes au monde une journée nouvelle…
La voix de la Grande prêtresse sembla tout à coup plus jeune, plus pure, son visage rayonnait, le flamboiement de la Déesse brillait dans ses yeux.
- Les fleurs jaillissent sous Tes pas ; le sol verdit dès Ton passage… poursuivit-elle, envahie par cette toute-puissance, emportée comme chaque jour et depuis si longtemps là où seule régnait à jamais l’universelle harmonie de la Déesse. »

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Matolitus
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MessageSujet: Re: LA GRANDE PRETRESSE   LA GRANDE PRETRESSE EmptyLun 11 Nov 2013 - 19:35

Et quelques jours après, le matin des Belotennia était arrivé. Tout le village s’était mis en route vers l’oppidum construit sur une haute colline. Parvenue au pied de celle-ci, la petite troupe marqua un temps d’arrêt pour observer tout à loisir boutiques et étals ayant poussé un peu partout comme des champignons en automne, tout prêts déjà à attirer clients et visiteurs rassemblés pour la fête marquant le début de l’été, où la Grande Prêtresse se montrerait enfin. Tous proches aussi retentissaient sous les arbres, cris et appels de nombreux membres de villages voisins affairés à dresser tentes de toiles ou cabanes de branchages.

Quand Elana et sa famille atteignirent le sommet plat de la colline, semblable à une île au milieu d’un océan de forêts et de champs cultivés, tous restèrent cloués sur place, toujours aussi impressionnés par la majesté des lieux. La foire se déroulait chaque année parallèlement aux cérémonies et occupait une immense terrasse, divisée par une allée centrale à l’extrémité de laquelle se dressait un haut temple en bois dont l’entrée était fermée par un vantail peint de fresques d’animaux et d’entrelacs.

Sur leur droite, une longue avenue menait à un autre bâtiment en forme de petite tour carrée, entourée d’une galerie couverte de chaume. C’était un sanctuaire renfermant des reliques. Sur leur gauche, une voie plus large, bordée d’arbres centenaires, menait de la colline fortifiée vers le Sanctuaire de la Forêt dont quelques toitures basses émergeaient ici et là, disséminées sous les frondaisons vertes.

Un peu avant la culminance du soleil, la Grande Prêtresse et quelques-unes de ses suivantes s’avancèrent lentement le long de la Voie Sacrée entre l’alignement des arbres. La silhouette élancée d’Isaliaca miroitait dans l’éclat tamisé du soleil et, comme toute prêtresse accomplie, elle semblait plutôt glisser que marcher sur le sol, dans un mouvement quasi surnaturel. Toutes les jeunes filles s’étaient avancées pour la saluer à son passage. Des jeunes gens vêtus de blanc et portant des torques d’or, avaient auparavant mis de longues bûches sur deux hautes piles devant le temple. Puis sur chacune d’elle, ils placèrent une branche des 9 arbres sacrés. Neuf druides parmi les plus anciens, vêtus eux aussi de vêtements blancs avec de courts Cucullos, entreprirent de mettre le feu au rythme lancinant d’un tambour. Une production d’étincelles sur un silex frotté par le fer, fit frémir la foule tandis qu’un druide lançait dessus une matière poudreuse qui s’embrasa d’un coup en une longue flamme.

Les Feux Resplendissants étaient lancés et allaient brûler jusqu’à l’aube. Sur la colline se dressait des mâts, les arbres des Belotennia. Toute la nuit celles et ceux qui le voudront pourront les approcher en amoureux à la faveur de la pénombre. Les bûchers, qu’on venait d’enflammer, crépitaient maintenant joyeusement, dégageant une chaleur qui fit reculer les premiers rangs des spectateurs. Puis soudain un martèlement sourd jaillissant du sol fit taire la foule et un grand parti de chevaux s’avança en galopant entre les deux feux, leurs maîtres juchés à cru, leurs crinières jetant des caresses fauves sur leurs encolures. Ils furent suivis d’un troupeau tout aussi impressionnant d’animaux à cornes se bousculant car on devinait la panique dans leurs yeux. Ce cortège passa entre les deux feux en meuglant et bêlant, sous l’œil attentif d’une cohorte de bouviers et de bergers qui les poussaient sans leur trop leur laisser le choix avec leurs longs bâtons. Les druides regroupés de part et d’autre lançaient sur les animaux force incantations et coupes d’hydromel. En respectant ce grand rite de la Tradition druidique, les familles s’assuraient de la protection divine sur leurs troupeaux contre les maladies et les épidémies. Le pouvoir du feu est si grand qu’ils pourront paître sans risque tout l’été dans les collines. Mais en cette belle journée du mois de Giamoni, l’esplanade n’était que cris et tumulte, poussière et sueur. Cependant, pour rien au monde personne aux alentours n’aurait voulu rater ce spectacle grandiose.

Lorsque le dernier animal disparut, la foule turbulente se dirigea avec satisfaction vers les stands aux tonneaux de cervoise fraîche. Elana et sa famille s’éloignèrent également pour aller déjeuner à l’ombre des arbres. Sur l’herbe tendre et pleine de jacinthes sauvages et de stellaires, les femmes sortirent et déplièrent une nappe en lin d’une malle en osier tressé. Puis ce fut au tour des gobelets et écuelles que chacun reçut en remerciant. Enfin elles sortirent de sacs en cuir, les pains de seigle et de froment, la viande de mouton sous forme de petits cubes confits dans la graisse et le miel, le beurre et les fromages frais aux herbes fabriqués avec le lait des vaches ayant récemment vêlées. Les hommes avaient ramené des échoppes des pichets de bière dont on offrit quelques rasades à Smertrios, le dieu pourvoyeur des Celtes. Et l’on entendit bientôt plus un bruit, chacune, chacun affairé à satisfaire son appétit. C’était d’ailleurs le lot de toutes celles et ceux qui s’étaient éparpillés dans les sous-bois, pour manger ce que la terre Celte produit de meilleur à cette époque et que bien des peuples lorgnaient avec envie.

Bien plus tard, alors que l’après-midi tirait à sa fin, sur l’oppidum retentit des cris et des chants. Elana et sa famille remontèrent donc et virent s’approcher une procession d’hommes portant des mannequins de pailles aux masques grossièrement figuratifs de romains. Ces jeunes gens jetèrent les effigies de leurs ennemis dans les flammes et des hourras s’élevèrent de la foule. Les mauvais esprits sont brûlés pour conjurer la malchance et augurer de meilleurs jours. Et tous se souvinrent que jadis l’on offrait aux dieux une fois tous les sept ans le Roi de l’Eté pour rendre la terre fertile. On le traitait comme un roi durant toute l’année qui précédait son exécution, ce qui comblait de fierté sa famille. Tous ses désirs étaient satisfaits ; il avait droit chaque jour aux repas les plus raffinés, aux boissons les meilleures. Les plus belles femmes partageaient sa couche et se trouvaient honorées de porter un enfant de lui. Les prêtresses elles-mêmes ne refusaient pas de lui accorder leurs faveurs, sacrilège entraînant la mort pour tout autre que lui. (A suivre)

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