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 Awen ...

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Auetos
Odacos Nemeton Rennina
Auetos


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MessageSujet: Awen ...   Awen ... EmptyLun 21 Fév 2022 - 14:09

AWEN…

Ce terme serait pour Adolphe Pictet le Sur-éther des métaphysiciens, l’essence dans laquelle flottent les Univers, l’Hyper-espace, le premier aspect de l’Essence Divine...

Awen est un mot gallois qui correspond à l'inspiration divine du barde dans la tradition poétique celte. En effet, ce mot est dérivé d’une forme antique que l’on trouve attestée comme abstraction divinisée : Auentia dont le sens initial parait avoir été : « inspiration < souffle », issu d’une racine auent- / uent- « souffle, vent », donc analogue à spiritus selon son sens latin initial.

Un phénomène de coalescence avec les dérivés d’une racine euen- / eun- « juste », comme l’adjectif auentos/-a/-on, semble lui avoir ajouté quelque connotation dans le sens d’une idée de « justice » : donc une inspiration dans le bon sens, une juste intuition.

Dans la poésie bardique, l’awen recouvre un concept d’inspiration, personnalisé en une « muse » poétique. Tout homme qui se dit poète n’est pas forcément inspiré par les Muses ou l’Awen. On peut composer des vers avec aisance, sans jamais dépasser le niveau d’un exercice de rhétorique somme toute assez banal. Les premiers bardes furent maîtres des effets miraculeux des chants inspirés et, au cours des siècles, s’étaient succédés de grands poètes qui, ayant charmé des générations d’hommes, ne craignaient pas d’avouer leur dette envers l’Awen : ils avaient conscience qu’à défaut de cette aide ils ne seraient probablement pas sortis de la condition moyenne de l’humanité et n’eussent jamais dépassé le savoir-faire, peu exaltant, d’un simple artisan. Mais tous les poètes n’ont pas la même lucidité ou les mêmes scrupules. Versificateurs disgraciés que l’Awen ne visitent pas, déclamateurs si contents d’eux-mêmes, écrivains dépourvus d’inspiration mais pas d’artifices.

Pour tous les poètes, l'inspiration vient des Muses qui, d'une part, leur donnent une compétence poétique permanente et qui, d'autre part, leur accordent une aide temporaire pour composer.

« Il y a un troisième genre de possession et de délire, celui dont les Muses sont le principe : si l’âme qui en est saisie est une âme délicate et immaculée, elle en reçoit l’éveil, il la plonge dans des transports qui s’expriment en odes, en poésies diverses, il pare de gloire mille et mille exploits des anciens, et ainsi, il fait l’éducation de la postérité. » (Platon, Phèdre)

Les Muses accompagnent Taranis, dont elles louangent sa grandeur, sa victoire sur les Uomorioi, chantant les origines du monde et de ses habitants, ainsi que les exploits glorieux des autres dieux et des grands héros. Elles se rendent sur Tamra Rigiōn (« la Colline des Rois »), où les bardes et les musiciens viennent chercher l’inspiration. Là se trouvent les fontaines sacrées dont les eaux apportent l’inspiration à ceux qui les boivent. Le chaudron de la Corridunia possède les mêmes propriétés.

« En ce temps là vivait en Pennuleitos un homme de haut lignage Tegalis Uolaemos et sa femme Corridunia. Ils avaient trois enfants, une fille Creiruia, belle parmi les belles, un fils Moribrannos mapi Tegalis qui s’il n’était pas beau avait la carrure et la stature d’un chevalier, ce qui en ces temps mouvementés lui assurait le respect de tous et hélas Dubis-Abancos, le benjamin, le moins favorisé des hommes, laid et plutôt demeuré.

Corridunia qui était aussi une sorcière renommée résolut donc, selon l’art des livres de Ueriia de faire bouillir pour son fils un chaudron d’inspiration et de science. Celui-ci ne devait cesser de bouillir pendant un an et un jour, jusqu’à ce que trois gouttes magiques de grâce et d’inspiration fusse obtenues.

Elle chargea Uesos Baccos et un aveugle Mordotios de surveiller le chaudron et d’activer le feu en dessous. Elle même pendant ce temps courrait les prés, les bois, les monts et les marécages pour obtenir les plantes nécessaires à son projet.

Or il advint qu’au dernier matin, alors que Uesos Baccos avait pris la relève de Mordotios après avoir passé une mauvaise nuit, celui-ci s’endormit au bord du chaudron qui, non surveillé, se mit à bouillir, trois gouttes s’en échappèrent et tombèrent sur la main de Uesos. Tout aussitôt le chaudron éclata, le reste du liquide étant empoisonné. » (Histoire de Taliesin)

Or cette aide permanente et momentanée que les poètes appellent de leurs vœux, et qu'on pourrait définir comme la dépendance à l'égard d'une source autre que la conscience, s'exerce en ces deux domaines : cognitif et pragmatique. La Muse accorde au poète une certaine connaissance de ce dont il va parler, et une certaine autorité sur l'auditoire auquel il s'adresse. L’Awen est donc une sorte de possession divine (d'où les rapports établis entre poésie, divination, pratique d'initiations et amour) et elle sépare radicalement et absolument l'art et l'inspiration. C'est l'intervention de l'inspiration qui permet de distinguer entre les bons et les mauvais poètes, entre les bons et les mauvais interprètes.

Dans les Triades, l’Awen est qualifiée de cysefin « primordiale, originelle », et dans la triade 103 il est dit : « Il y a trois choses qui distinguent tous les êtres vivants les uns des autres : l’Awen distinctif que nul autre ne peut posséder de la même manière et la suprême félicité dont chacun possède la plénitude selon son genre. »

Les Muses sont également dotées du don de divination, tout comme Lugus qui conduit leur cortège. Ce sont elles qui enseignent cet art. Tous les ans, lors de la Luginaissatis, des fêtes sont organisées en leur honneur qui sont notamment marquées par des joutes verbales et poétiques où s’affrontent les bardes. Les Muses reçoivent alors des offrandes à base de lait et de miel.

Ainsi donc, l’Awen est donc et avant tout la source de l’inspiration poétique et musicale, de la divination et de la connaissance. L’Awen est l’inspiration poétique, souvent imaginée par les bardes sous l’apparence d’une femme.

Nous pouvons donc, sans détour, condamner l’usage assez stupide de « awen ! » comme d’une exclamation rituelle pratiquée par certains néo-druides, afin de tenir lieu d’un amen, (mot hébreu assez usité en fin de prières tant judaïques que chrétiennes qui ne présente que l’avantage d’une analogie phonétique avec amen), ou, pire, d’un mot fourre-tout balancé à la voler pour exprimer un contentement, une approbation, une interjection, une clameur ou une gueulante. Awen est aberrant dans ces cas là car la créance éventuelle donnée à l’Awen au sens que lui donne Iolo Morgannwg ne le justifie pas non plus car l’Awen n’a rien de liturgique.

Pour les druides en mal d’inspiration pour leur fin de prière je leur suggère une formule gauloise plus appropriée qui nous est offerte par l’inscription de Chamalières : « ison son bissiet », signifiant « ainsi soit-il ».

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