C'est bien An Ardeven tu as été plus rapide que moi sur un petit compte-rendu de cette conférence. Cependant je me permets d'y ajouter ces quelques lignes. Dans tous les cas merci à toi et aux membres de l'Association AFC.Pour cette nouvelle conférence de l’Association France Celtique du Pays Vénète, nous avons eu le plaisir de retrouver M. Jean-Paul Savignac qui, cette fois, nous a présenté une liste non exhaustive des principaux dieux Gaulois.
Pour commencer, à tout seigneur créateur du monde, tout honneur,
Lugus, égal du Lugh irlandais. Pour M. Savignac, c’est un dieu stratège et organisateur du monde des Cieux comme du monde des humains. C’est pourquoi il fut tant prié et reconnu en Gaules. Parmi ses animaux emblématiques, on trouve le corbeau, le roitelet, la tortue, … Matolitus lui demandé pourquoi il oubliait le loup ? Simple trou de mémoire de sa part, car effectivement le loup (
Canis lupus) ou/et le chien sont des symboles forts de ce dieu.
Belenos est un dieu gaulois dont de nombreuses inscriptions ont été mises au jour en Gaule cisalpine, en Gaule transalpine, …. Cette divinité brillante, brûlante, a des correspondants évidents dans la mythologie celtique, à commencer par Grannos, Grannus en latin, chez les autres peuples celtes du continent. Il est parfois désigné par le théonyme de Maponos, c'est-à-dire « le Grand-Fils » qui rappelle le Mabon gallois. Ce nom est cité dans le plomb de Chamalières (Puy-de-Dôme) découvert en 1971.
Nodons et Ogmios, dieux de la guerre. Le premier est le pendant gaulois du Nuada irlandais, dieu guerrier.
Taranus, Taranos (Taranis pour nous) « le Tonnant » dont Jupiter peut lui être assimilé.
Dis Pater, dieu nocturne dont César dit que les Gaulois en sont tous issus. « (...) Les Gaulois se vantent d'être issus de Dis Pater, tradition qu'ils disent tenir des druides. » Jules César, Guerre des Gaules, Livre VI, chap 18.
Esus « l’Ardeur » nous dit M. Savignac, mais aussi « bon, maitre, puissant » selon l'analyse de Julius Pokorny, est une divinité de la mythologie celtique gauloise, mentionnée notamment avec Teutates et Taranis, dans la Pharsale de Lucain (Ier siècle). Il est représenté sur le pilier des Nautes. Sur celui-ci on y voit un personnage d'apparence humaine en train d’abattre un arbre, le bas-relief étant surmonté du nom Esus. Sur le relief il est montré en association à un taureau en compagnie de trois grues. Le taureau à trois grues est appelé Tarvos trigaranus.
Ce pilier des Nautes, M. Savignac nous l’a présenté sous la forme d’une colonne de carton à 4 côtés d’environ 1 m 50 sur laquelle étaient collées les représentations papier des sculptures de l’original. Voir les photos d'AN Ardeven.
Cette colonne monumentale gallo-romaine a été commandée et érigée en l'honneur de Jupiter par les Nautes de Lutèce au Ier siècle, sous le règne de l'empereur Tibère. Il s'agit de l'empilement de quatre blocs ou autels qui ont été mis au jour dans les fondations de l'autel de la cathédrale Notre-Dame de Paris le 16 mars 1711. C'est le plus vieux monument de Paris et le plus ancien ensemble sculpté découvert en France et daté par une inscription impériale. Le pilier des Nautes est exposé dans la salle du frigidarium des thermes de Cluny. Le pilier porte une dédicace à l'empereur Tibère, fils adoptif d'Auguste :
«
À Tibère César Auguste, à Jupiter très bon, très grand, les Nautes du territoire des Parisii, aux frais de leur caisse commune ont érigé [ce monument]. »
En latin cela donne :
« TIB CAESARE
AVG IOVI OPTVMO
MAXSVMO
NAVTAE PARISIACI
PVBLICE POSIERVNT »
Les Nautes sont une confrérie d'armateurs mariniers naviguant sur les fleuves et rivières de la Gaule, dont la Seine. Il devait s'agir d'armateurs ou de commerçants assez aisés voire très fortunés. Un indice de la puissance des Nautes est donné par une des sculptures du pilier : on les voit défiler en armes avec boucliers et lances, privilège octroyé par les Romains, ce qui est exceptionnel moins d'un demi-siècle après la conquête des Gaules.
Le pilier, haut de cinq mètres, était constitué de quatre dés de pierre, disposés sur un socle et ornés de bas-reliefs sculptés sur les quatre faces. Ces bas-reliefs représentent des dieux des panthéons latin et gaulois. Sont représentés pour le panthéon latin :
• Jupiter, portant la foudre, accompagné de l'aigle,
• Mars, le guerrier, cuirassé et armé, son manteau de général, la paludamentum, replié sur le bras,
• le forgeron Vulcain,
• Mercure, protecteur du commerce,
• Fortuna, qui donne chance,
• Vénus, qui favorise la fécondité,
• les Dioscures Castor et Pollux.
Sont représentés pour le panthéon gaulois :
• Ésus,
• Smertrios, dieu pourvoyeur
• Tarvos trigaranus, le Taureau aux trois grues,
• Cernunnos.
Selon M. Savignac, les Nautes cherchaient, en édifiant le pilier, à montrer aux peuples de la Gaule la reconnaissance qu’ils avaient pour la déesse Sequana, la Seine, elle qui était en grande partie responsable de leurs fortunes. Contemporain à l’interdiction des assemblées des druides par les Romains, ils ont pu aussi chercher à traduire leur religion et croyances en donnant figure humaine aux dieux gaulois sur la pierre.
En effet dans le monde Indo-européen, les déesses des rivières et des fleuves ont toujours cherché à tromper leurs époux respectifs. Et la seule façon pour elles, était de se métamorphoser en un animal (les grues ou aigrettes en l’occurrence). De leurs côtés les dieux n’avaient d’autre choix que de se transformer à leur tour en un animal (ici le taureau) pour s’unir à elles. D’une union sortent généralement des enfants. Sur le Pilier des Nautes ce pourrait être Castor et Polux représentants du monde Romain, pour les Gaulois Cernunnos et Smertrios. De même nous aurions symbolisé dessus le découpage du temps calendaire pour les Celtes : Cernunnos et Smertrios pour la partie sombre et Lugus honoré sur la hauteur de la montagne Ste Geneviève, pour la partie claire, solaire. Ainsi les 2 rives de la Seine « appartiendraient », rive droite à Lugus et rive gauche à Cernunnos et Smertrios. Donc 70 ans après la bataille d’Alésia, le Pilier des Nautes offrait aux yeux de tous et de toutes une soumission à Rome seulement de façade et les germes des futures révoltes contre les envahisseurs.
Pour conclure cette conférence, An Ardeven et les membres de l’AFC, M. Savignac ont invité Julian Cuvilliez qui avait dans ses bagages, 2 choses, une reconstitution de la statuette de Paule au plus près, et une lyre gauloise. Il nous a d’ailleurs régalé d’un petit morceau sur cet instrument.
Après avoir consacré plusieurs années de recherches à cet antique instrument, les luthiers de l'Atelier Skald, Julian Cuvilliez et Audrey Lecorgne voient en 2014 leurs travaux sur la Lyre gauloise salués par la région Bretagne. Par la suite, sont commandés pour l'école de musique et de danse du Kreiz Breizh, des lyres gauloises –contemporaines - pour une pratique d'aujourd'hui destinées à l'enseignement.
Pionnière et avant-gardiste, cette école de centre Bretagne a ouvert en septembre 2015 la première classe Lyre officielle au sein de son département traditionnel et dont l'Atelier Skald a eu l'honneur de se voir confier l'enseignement.
Petite information complétant celle d'An Ardeven : Samedi prochain 4 mars 2017 èv soirée vernissage et projection dans la salle de cinéma de l'archéo-parc de Vannes (le Ker) du clip de Ar Bard dédié à la Lyre Gauloise.
Au programme : Soirée Gauloise en présence des compagnies d'Aremorica et Teuta Osismi avec projection du clip en présence du réalisateur Timmy Maquaire, et des artistes et acteurs.
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....Et à toi moios Brater Matolitus pour ce complément fort intéressant....Je vous avoue que j'avais déjà vu (le 11 novembre dernier à la mission Bretonne quelques explications à ce sujet....Il nous en avait parler, des Dieux et du pilier des Nautes)